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l’on n’avertirait pas le voisin que sa bourse est tombée de sa poche, si on ne lui est pas présenté dans les règles. Nous sommes en Italie, où les mœurs sont franches, libres, exemptes de cette morgue inventée par l’orgueil timide à la plus grande gloire de l’ennui ; nous sommes dans ce pays de liberté charmante, brave, honnête et hospitalière, sous ce beau soleil où l’ombre d’un homme, quoi qu’on en dise, n’en a jamais gêné un autre, où l’on se fait un ami en demandant son chemin, où enfin la mauvaise humeur est aussi inconnue que le mauvais temps.

Calabre.

Monsieur le baron prend bien chaudement les choses. Je demande pardon à monsieur, mais les réflexions d’un pauvre diable comme moi ne valent pas la peine qu’on s’en occupe.

Steinberg.

Quelles sont ces réflexions ? Je veux le savoir. Dites votre pensée, je le veux.

Calabre.

Oh, mon Dieu ! c’est bien peu de chose. Seulement, quand monsieur le baron s’en va comme cela pour toute une journée chez la princesse, il m’a semblé quelquefois que madame était triste.

Steinberg.

Est-ce là tout ?

Calabre.

Je n’en sais pas plus long, mais je vous avoue…