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La comtesse, riant.

Ah, mon Dieu ! mais quelle folie ! vous envoyez prendre votre malle ?

Le marquis.

Oui, il faut faire nos paquets sur-le-champ, parce que, voyez-vous, quand on a une bonne idée, il faut s’y tenir ; je ne connais que cela.

La comtesse.

Un instant, marquis ; avant de s’embarquer, bride abattue, pour les Grandes-Indes, il faut prendre son passe-port. Êtes-vous bien-sûr que je sois douée de toutes les qualités requises pour faire convenablement votre ménage dans quelqu’un de ces grands châteaux que vous possédez en Espagne ?

Le marquis.

En Espagne ? Je ne vous comprends pas.

La comtesse.

Ai-je bien ce calme, cette présence d’esprit, cette égalité de caractère, si nécessaires dans une maison, surtout quand le maître en donne l’exemple ?

Le marquis.

Vous vous moquez. Est-il donc besoin que je vous répète ce que sait tout le monde, qu’on voit en vous toutes les qualités, comme tous les talents et toutes les grâces ?

La comtesse.

Mais vous oubliez que je suis coquette, paresseuse à faire pitié, et étourdie, surtout étourdie…