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Lorsque je m’attardais derrière nos troupeaux.
Ce n’est pas moi, du moins, avec mon humeur leste,
Qu’on verrait perdre une heure à boutonner ma veste.
Être vif et gaillard fut toujours ma vertu ;
Il me semble pourtant que je suis bien vêtu.
Voyons ; j’avais tantôt préparé ma harangue.
Il ne faut point ici s’entortiller la langue.
Que vais-je dire au duc ? — Je dirai : Monseigneur…
Oui, monseigneur, d’abord ; c’est juste et c’est flatteur.
Or, mam’selle Louison… Non, je dirai : Lisette.
C’est son nom de gala ; respectons l’étiquette.
Lisette donc et moi, nous sommes résolus…
Non,… nous sommes enclins… Ce n’est pas ça non plus.
Reprenons : Monseigneur… C’est vexant quand j’y pense ;
Tantôt, dans le grenier, j’étais plein d’éloquence.
Et dire qu’un bon mot peut tout enjoliver !
Oui-da, j’ai vu la chose au théâtre arriver.
Si je me rappelais, dans quelque comédie,
Une attitude heureuse, une phrase arrondie ?
— Monseigneur, si les dieux,… si le ciel,… les enfers…
J’y suis. — Si les héros qui purgeaient l’univers…
Est-ce bien ces gens-là qu’il convient que j’invoque ?
Non, pour un pharmacien, ça prête à l’équivoque.
— Monseigneur, si les rois, si les ducs ont aimé…
Je ne trouverai rien, je suis trop enrhumé.
On entend une sonnette.
On a sonné là-bas. — C’est Louison qu’on appelle.