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Berthaud.

Oui certe ; et d’où viens-tu ? Par ma foi, je ne sais.

Lisette.

Bon !

Berthaud.

Bon !Pour venir ici, j’ai pris par tant de rues,
J’en ai l’esprit tout bête et les jambes fourbues.

Lisette.

Assieds-toi.

Berthaud.

Assieds-toi.Que non pas ! je suis bien trop courtois.
Quand j’ai mon habit neuf, jamais je ne m’assois.

Lisette.

Fort bien, cela pourrait gâter ta broderie.
Tu n’es donc plus berger dans notre métairie ?
Mais tu viens du pays ? Comment va-t-on chez nous ?

Berthaud.

Je n’en sais rien non plus ; moi, j’ai fait comme vous.
Oh ! je ne garde plus les vaches ! — Au contraire,
C’est Jean qui les conduit, et Suzon les va traire.
Oh ! ce n’est plus du tout comme de votre temps.
C’est la grande Nanon qui fait de l’herbe aux champs.
Pierrot est sacristain, et Thomas fait la guerre ;
Catherine est nourrice, et Nicole…

Lisette.

Catherine est nourrice, et Nicole…Et mon père ?

Berthaud.

Votre père, pardine ! il ne lui manque rien.