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Pierre.

Non, mon père, je ne me cacherai pas. L’insulte a été publique, il nous l’a faite au milieu d’une place. Moi, je l’ai assommé au milieu d’une rue, et il me convient demain matin de le raconter à toute la ville. Depuis quand se cache-t-on pour avoir vengé son honneur ? Je me promènerais volontiers l’épée nue, et sans en essuyer une goutte de sang.

Philippe.

Viens par ici, il faut que je te parle. Tu n’es pas blessé, mon enfant ? tu n’as rien reçu dans tout cela ?

Ils sortent.



Scène VI

Au palais du duc.
LE DUC, à demi nu ; TEBALDEO, faisant son portrait ; GIOMO, joue de la guitare.
Giomo, chantant

Quand je mourrai, mon échanson,
Porte mon cœur à ma maîtresse ;
Qu’elle envoie au diable la messe,
La prêtraille et les oraisons.

Les pleurs ne sont que de l’eau claire ;
Dis-lui qu’elle éventre un tonneau ;
Qu’on entonne un chœur sur ma bière ;
J’y répondrai du fond de mon tombeau.

Le Duc.

Je savais bien que j’avais quelque chose à te deman-