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Lorenzo.

Je suis des vôtres, mon oncle. Ne voyez vous pas à ma coiffure que je suis républicain dans l’âme ? Regardez comme ma barbe est coupée. N’en doutez pas un seul instant, l’amour de la patrie respire dans mes vêtements les plus cachés.

On sonne à la porte d’entrée ; la cour se remplit de pages et de chevaux.
Un page, entrant.

Le duc !

Entre Alexandre.
Lorenzo.

Quel excès de faveur, mon prince ! vous daignez visiter un pauvre serviteur en personne ?

Le Duc.

Quels sont ces hommes-là ? J’ai à te parler.

Lorenzo.

J’ai l’honneur de présenter à Votre Altesse mon oncle Bindo Altoviti, qui regrette qu’un long séjour à Naples ne lui ait pas permis de se jeter plus tôt à vos pieds. Cet autre seigneur est l’illustre Baptista Venturi, qui fabrique, il est vrai, de la soie, mais qui n’en vend point. Que la présence inattendue d’un si grand prince dans cette humble maison ne vous trouble pas, mon cher oncle, ni vous non plus, digne Venturi. Ce que vous demandez vous sera accordé, ou vous serez en droit de dire que mes supplications n’ont aucun crédit auprès de mon gracieux souverain.