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Lorenzo.

Je suis très fort sur l’histoire romaine. Il y avait une fois un jeune gentilhomme nommé Tarquin le fils.

Catherine.

Ah ! c’est une histoire de sang.

Lorenzo.

Pas du tout ; c’est un conte de fées. Brutus était un fou, un monomane, et rien de plus. Tarquin était un duc plein de sagesse, qui allait voir en pantoufles si les petites filles dormaient bien.

Catherine.

Dites-vous aussi du mal de Lucrèce ?

Lorenzo.

Elle s’est donné le plaisir du péché et la gloire du trépas. Elle s’est laissé prendre toute vive comme une alouette au piège, et puis elle s’est fourré bien gentiment son petit couteau dans le ventre.

Marie.

Si vous méprisez les femmes, pourquoi affectez-vous de les rabaisser devant votre mère et votre sœur ?

Lorenzo.

Je vous estime, vous et elle. Hors de là, le monde me fait horreur.

Marie.

Sais-tu le rêve que j’ai eu cette nuit, mon enfant ?

Lorenzo.

Quel rêve ?