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trer dans leur âme ; je regarde les personnages de leurs tableaux si saintement agenouillés, et j’écoute, comme si les cantiques du chœur sortaient de leurs bouches entr’ouvertes ; des bouffées d’encens aromatique passent entre eux et moi dans une vapeur légère ; je crois y voir la gloire de l’artiste ; c’est aussi une triste et douce fumée, et qui ne serait qu’un parfum stérile, si elle ne montait à Dieu.

Valori.

Vous êtes un vrai cœur d’artiste ! venez à mon palais, et ayez quelque chose sous votre manteau quand vous y viendrez. Je veux que vous travailliez pour moi.

Tebaldeo.

C’est trop d’honneur que me fait Votre Éminence. Je suis un desservant bien humble de la sainte religion de la peinture.

Lorenzo.

Pourquoi remettre vos offres de service ? Vous avez, il me semble, un cadre dans les mains.

Tebaldeo.

Il est vrai ; mais je n’ose le montrer à de si grands connaisseurs. C’est une esquisse bien pauvre d’un rêve magnifique.

Lorenzo.

Vous faites le portrait de vos rêves ? Je ferai poser pour vous quelques-uns des miens.

Tebaldeo.

Réaliser des rêves, voilà la vie du peintre. Les plus