Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies II.djvu/370

Cette page a été validée par deux contributeurs.

L’Abbé.

Mais où est donc M. Van Buck ? [est-ce qu’il n’est pas encore descendu ?]

La Baronne.

Je l’ai vu tout à l’heure dans le parc avec ce monsieur de la chaise, qui, par parenthèse, n’est guère poli de ne pas vouloir nous rester à dîner.

L’Abbé.

S’il a des affaires pressées…

La Baronne.

Bah ! des affaires, tout le monde en a. La belle excuse ! Si on ne pensait jamais qu’aux affaires, on ne serait jamais à rien. Tenez ! l’abbé, jouons au piquet ; je me sens d’une humeur massacrante.

L’Abbé, mêlant les cartes.

Il est certain que les jeunes gens du jour ne se piquent pas d’être polis.

La Baronne.

Polis ! je crois bien. Est-ce qu’ils s’en doutent ? et qu’est-ce que c’est que d’être poli ? Mon cocher est poli. De mon temps, l’abbé, on était galant.

L’Abbé.

C’était le bon, madame la baronne, et plût au ciel que j’y fusse né !

La Baronne.

J’aurais voulu voir que mon frère, qui était à Monsieur, tombât de carrosse à la porte d’un château, et qu’on l’y eût gardé à coucher. Il aurait plutôt perdu sa