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Sire Maurice.

Les désordres de la cour irritent le pape.

Le Duc.

Que dis-tu là, toi ?

Sire Maurice.

J’ai dit les désordres de la cour, Altesse ; les actions du duc n’ont d’autre juge que lui-même. C’est Lorenzo de Médicis que le pape réclame comme transfuge de sa justice.

Le Duc.

De sa justice ? Il n’a jamais offensé de pape, à ma connaissance, que Clément VII, feu mon cousin, qui, à cette heure, est en enfer.

Sire Maurice.

Clément VII a laissé sortir de ses États le libertin qui, un jour d’ivresse, avait décapité les statues de l’arc de Constantin. Paul III ne saurait pardonner au modèle titré de la débauche florentine.

Le Duc.

Ah parbleu ! Alexandre Farnèse est un plaisant garçon ! Si la débauche l’effarouche, que diable fait-il de son bâtard, le cher Pierre Farnèse, qui traite si joliment l’évêque de Fano ? Cette mutilation revient toujours sur l’eau, à propos de ce pauvre Renzo. Moi, je trouve cela drôle, d’avoir coupé la tête à tous ces hommes de pierre. Je protège les arts comme un autre, et j’ai chez moi les premiers artistes de l’Italie ; mais je n’entends rien au respect du pape pour ces statues,