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Le roi de France protégeant la liberté de l’Italie ; c’est justement comme un voleur protégeant contre un autre voleur une jolie femme en voyage. Il la défend jusqu’à ce qu’il la viole. Quoi qu’il en soit, une route s’ouvre devant moi, sur laquelle il y a plus de bons grains que de poussière. Maudit soit ce Lorenzaccio, qui s’avise de devenir quelque chose ! Ma vengeance m’a glissé entre les doigts comme un oiseau effarouché ; je ne puis plus rien imaginer ici qui soit digne de moi. Allons faire une attaque vigoureuse au bourg, et puis laissons là ces femmelettes qui ne pensent qu’au nom de mon père, et qui me toisent toute la journée pour chercher par où je lui ressemble. Je suis né pour autre chose que pour faire un chef de bandits.

Il sort.



Scène V

Une place. — Florence.
L’ORFÈVRE et LE MARCHAND DE SOIE, assis.
Le marchand.

Observez bien ce que je dis ; faites attention à mes paroles. Le feu duc Alexandre a été tué l’an 1536, qui est bien l’année où nous sommes. Suivez-moi toujours. Il a donc été tué l’an 1536 ; voilà qui est fait. Il avait vingt-six ans ; remarquez-vous cela ? mais ce n’est encore rien. Il avait donc vingt-six ans ; bon. Il est mort