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LORENZACCIO.

vit à Rome aussi bien qu’ici. Que le diable emporte la noce, ceux qui y dansent et ceux qui la font !

Il rentre. Le marchand se mêle aux curieux. — Passe un bourgeois avec sa femme.
La femme.

Guillaume Martelli est un bel homme et riche. C’est un bonheur pour Nicolo Nasi d’avoir un gendre comme celui-là. Tiens ! le bal dure encore. — Regarde donc toutes ces lumières.

Le bourgeois.

Et nous, notre fille, quand la marierons-nous ?

La femme.

Comme tout est illuminé ! Danser encore à l’heure qu’il est, c’est là une jolie fête ! — On dit que le duc y est.

Le bourgeois.

Faire du jour la nuit et de la nuit le jour, c’est un moyen commode de ne pas voir les honnêtes gens. Une belle invention, ma foi, que des hallebardes à la porte d’une noce ! Que le bon Dieu protège la ville ! Il en sort tous les jours de nouveaux, de ces chiens d’Allemands, de leur damnée forteresse.

La femme.

Regarde donc le joli masque. Ah ! la belle robe ! Hélas ! tout cela coûte très cher, et nous sommes bien pauvres à la maison.

Ils sortent.