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quand ce pape était à Bologne… Mais je me laisse entraîner trop loin.

La Marquise.

Prenez garde de vous confesser à votre tour. Si vous êtes frère de mon mari, je suis maîtresse d’Alexandre.

Le Cardinal.

Vous l’avez été, marquise, et bien d’autres aussi.

La Marquise.

Je l’ai été ; oui, Dieu merci ! je l’ai été.

Le Cardinal.

J’étais sûr que vous commenceriez par vos rêves ; il faudra cependant que vous en veniez quelque jour aux miens. Écoutez-moi : nous nous querellons assez mal à propos ; mais, en vérité, vous prenez tout au sérieux. Réconciliez-vous avec Alexandre, et puisque je vous ai blessée tout à l’heure en vous disant comment, je n’ai que faire de le répéter. Laissez-vous conduire ; dans un an, dans deux ans, vous me remercierez. J’ai travaillé longtemps pour être ce que je suis, et je sais où l’on peut aller. Si j’étais sûr de vous, je vous dirais des choses que Dieu lui-même ne saura jamais.

La Marquise.

N’espérez rien, et soyez assuré de mon mépris.

Elle veut sortir.
Le Cardinal.

Un instant ! pas si vite ! N’entendez-vous pas le bruit d’un cheval ? mon frère ne doit-il pas venir aujourd’hui ou demain ? me connaissez-vous pour un homme qui