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Philippe.

C’est une juste vengeance qui me pousse à la révolte, et je me fais rebelle parce que Dieu m’a fait père. Je ne suis poussé par aucun motif d’ambition, ni d’intérêt, ni d’orgueil. Ma cause est loyale, honorable et sacrée. Emplissez vos coupes et levez-vous. Notre vengeance est une hostie que nous pouvons briser sans crainte et nous partager devant Dieu. Je bois à la mort des Médicis !

Les convives, se levant et buvant.

À la mort des Médicis !

Louise, posant son verre.

Ah ! je vais mourir.

Philippe.

Qu’as-tu, ma fille, mon enfant bien-aimée ? qu’as-tu, mon Dieu ? que t’arrive-t-il ? Mon Dieu, mon Dieu ! comme tu pâlis ! Parle, qu’as-tu ? parle à ton père. Au secours ! au secours ! un médecin ! Vite, vite, il n’est plus temps.

Louise.

Je vais mourir, je vais mourir.

Elle meurt.
Philippe.

Elle s’en va, mes amis, elle s’en va ! Un médecin ! ma fille est empoisonnée !

Il tombe à genoux près de Louise.
Un convive.

Coupez son corset ! faites-lui boire de l’eau tiède ; si c’est du poison, il faut de l’eau tiède.

Les domestiques accourent.