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voilà la garnison allemande en déroute. Que reste-t-il à ces Médicis ? Là est leur force ; hors de là, ils ne sont rien. Sommes-nous des hommes ? Est-ce à dire qu’on abattra d’un coup de hache les nobles familles de Florence, et qu’on arrachera de la terre natale des racines aussi vieilles qu’elle ? C’est par nous qu’on commence, c’est à nous de tenir ferme ; notre premier cri d’alarme, comme le coup de sifflet de l’oiseleur, va rabattre sur Florence une armée tout entière d’aigles chassés du nid ; ils ne sont pas loin ; ils tournoient autour de la ville, les yeux fixés sur ses clochers. Nous y planterons le drapeau noir de la peste ; ils accourront à ce signal de mort. Ce sont les couleurs de la colère céleste. Ce soir, allons d’abord délivrer nos fils ; demain nous irons tous ensemble, l’épée nue, à la porte de toutes les grandes familles ; il y a à Florence quatre-vingts palais, et de chacun d’eux sortira une troupe pareille à la nôtre quand la liberté y frappera.

Les convives.

Vive la liberté !

Philippe.

Je prends Dieu à témoin que c’est la violence qui me force à tirer l’épée ; que je suis resté durant soixante ans bon et paisible citoyen ; que je n’ai jamais fait de mal à qui que ce soit au monde, et que la moitié de ma fortune a été employée à secourir les malheureux.

Les convives.

C’est vrai.