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moi, — dis-moi donc, toi ! voyons ! n’as-tu donc rien, rien là ?

Elle lui frappe le cœur.
Le Duc.

Quel démon ! assois-toi donc là, ma petite.

La Marquise.

Eh bien ! oui, je veux bien l’avouer ; oui, j’ai de l’ambition, non pas pour moi ; — mais toi ! toi et ma chère Florence ! Ô Dieu ! tu m’es témoin de ce que je souffre.

Le Duc.

Tu souffres ! qu’est-ce que tu as ?

La Marquise.

Non, je ne souffre pas. Écoute ! écoute ! Je vois que tu t’ennuies auprès de moi. Tu comptes les moments, tu détournes la tête ; ne t’en va pas encore : c’est peut-être la dernière fois que je te vois. Écoute ! je te dis que Florence t’appelle sa peste nouvelle, et qu’il n’y a pas une chaumière où ton portrait ne soit collé sur les murailles avec un coup de couteau dans le cœur. Que je sois folle, que tu me haïsses demain, que m’importe ? tu sauras cela !

Le Duc.

Malheur à toi si tu joues avec ma colère !

La Marquise.

Oui, malheur à moi ! malheur à moi !

Le Duc.

Une autre fois, — demain matin, si tu veux, —