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Je vous remets le soin de mes jours, de mes pensées, de mes actions ; et pour mon cœur…

Laurette.

Est-il compris dans le dépôt ?

Le Prince.

Il n’y sera que le jour où vous l’en aurez jugé digne ; jusque-là, j’ai votre portrait. — Je l’aime, je lui dois tout ; je lui ai tout promis, pour tout vous tenir. — Autrefois même je m’en serais contenté ; mais j’ai voulu le voir sourire,… rien de plus.

Laurette.

Ceci est encore une théorie.

Le Prince.

Un rêve, comme tout au monde.

Il l’embrasse.

Qu’avez-vous donc là ? c’est un bijou vénitien : si nous sommes en paix, il est inutile : si nous sommes en guerre, je désarme l’ennemi.

Il lui ôte son stylet.

Quant à ce petit papier parfumé qui se cache sous cette gaze, le mari le respectera. Mais la princesse d’Eysenach rougit.

Laurette.

Prince !

Le Prince.

Êtes-vous étonnée de me voir sourire ? — J’ai retenu un mot de Shakespeare sur les femmes de cette ville.