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tout éloigné qu’il est de vous, son sort est plus digne d’envie que de pitié, si, de votre côté, vous pensez à lui. Voici une lettre qu’il m’a confiée.

Barberine, lisant.

« C’est un jeune cavalier du plus grand mérite, et qui appartient à l’une des plus nobles familles des deux royaumes. Recevez-le comme un ami… » Je ne vous en lis pas plus ; nous ne sommes riches que de bonne volonté, mais nous vous recevrons le moins mal possible.

Rosemberg

J’ai laissé quelque part par là mes chevaux et mes écuyers. Je ne saurais voyager sans un cortège considérable, attendu ma naissance et ma fortune ; mais je ne veux pas vous embarrasser de ce train…

Barberine

Pardonnez-moi, mon mari m’en voudrait si je n’insistais ; nous leur enverrons dire de venir ici.

Rosemberg

Quel remercîment puis-je faire pour un accueil si favorable ? Cette blanche main, du haut de ces tourelles, a daigné faire signe qu’on m’ouvrît la porte, et ces beaux yeux ne la contredisent pas. — Ils m’ouvrent aussi, noble comtesse, la porte d’un cœur hospitalier. — Permettez que j’aille moi-même prévenir ma suite, et je reviens auprès de vous. — J’ai quelques ordres à donner…

À part.

Du courage, et les poches pleines ! Je veux prendre un peu l’air des alentours.