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Laurette.

Et en oubliant le second ?

Le Prince.

Prenez garde à un homme qui demande un pardon ; il peut avoir si aisément la tentation d’en mériter deux !

Laurette.

Ceci est une théorie.

Le Prince.

Non pas.

Il l’embrasse.

Cependant, je vous vois encore agitée. Gageons que, toute jeune que vous êtes, vous avez déjà fait un calcul.

Laurette.

Lequel ? il y en a tant à faire ! et un jour comme celui-ci en voit tant !

Le Prince.

Je ne parle que de celui des qualités d’époux. Peut-être ne trouvez-vous rien en moi qui les annonce. Dites-moi, est-ce bien sérieusement que vous avez pu jamais réfléchir à cet important et grave sujet ? De quelle pâte débonnaire, de quels faciles éléments aviez-vous pétri d’avance cet être dont l’apparition change tant de douces nuits en insomnies ? Peut-être sortez-vous du couvent ?

Laurette.

Non.

Le Prince.

Il faut songer, chère princesse, que si votre gouvernante vous gênait, si votre tuteur vous contrariait, si