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Ulric

Voilà un langage hautain, — et d’où sortez-vous donc vous-même, pour avoir le droit de le prendre ?

Premier courtisan

Allons, seigneurs, que quelques paroles échappées sans dessein ne deviennent pas un motif de querelle. Nous croyons devoir intervenir ; songez que vous êtes chez la Reine. Ce seul mot vous en dit assez.

Ulric

C’est vrai, et je vous remercie de m’avoir averti à temps. Je me croirais indigne du nom que je porte, si je ne me rendais à une si juste remontrance.

Rosemberg

Qu’il en soit ce que vous voudrez ; je n’ai rien à dire à cela.

Les courtisans sortent. Ulric et Rosemberg restent assis chacun de son côté.
Rosemberg, à part.

Le chevalier Uladislas m’a recommandé de ne jamais démordre d’une chose une fois dite. Depuis que je suis dans cette cour, les paroles de ce digne homme ne me sortent pas de la tête. Je ne sais ce qui se passe en moi, je me sens un cœur de lion. Ou je me trompe fort, ou je ferai fortune.

Ulric, à part.

Avec quelle bonté la Reine m’a reçu ! Et cependant j’éprouve une tristesse que rien ne peut vaincre. Que fait à présent Barberine ? Hélas ! hélas ! l’ambition ! —