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Camille.

Qu’en dira votre père ?

Perdican.

Tout ce qu’il voudra ; il me plaît d’épouser cette fille ; c’est une idée que je vous dois, et je m’y tiens. Faut-il vous répéter les lieux communs les plus rebattus sur sa naissance et sur la mienne ? Elle est jeune et jolie, et elle m’aime ; c’est plus qu’il n’en faut pour être trois fois heureux. Qu’elle ait de l’esprit ou qu’elle n’en ait pas, j’aurais pu trouver pire. On criera, on raillera ; je m’en lave les mains.

Camille.

Il n’y a rien là de risible ; vous faites très bien de l’épouser. Mais je suis fâchée pour vous d’une chose : c’est qu’on dira que vous l’avez fait par dépit.

Perdican.

Vous êtes fâchée de cela ? Oh ! que non.

Camille.

Si, j’en suis vraiment fâchée pour vous. Cela fait du tort à un jeune homme, de ne pouvoir résister à un moment de dépit.

Perdican.

Soyez-en donc fâchée ; quant à moi, cela m’est bien égal.

Camille.

Mais vous n’y pensez pas ; c’est une fille de rien.