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Scène IV


[Une place.]


LE CHŒUR, PERDICAN.


Perdican.

Bonjour, mes amis. Me reconnaissez-vous ?

Le Chœur.

Seigneur, vous ressemblez à un enfant que nous avons beaucoup aimé.

Perdican.

N’est-ce pas vous qui m’avez porté sur votre dos pour passer les ruisseaux de vos prairies, vous qui m’avez fait danser sur vos genoux, qui m’avez pris en croupe sur vos chevaux robustes, qui vous êtes serrés quelquefois autour de vos tables pour me faire une place au souper de la ferme ?

Le Chœur.

Nous nous en souvenons, seigneur. Vous étiez bien le plus mauvais garnement et le meilleur garçon de la terre.

Perdican.

Et pourquoi donc alors ne m’embrassez-vous pas, au lieu de me saluer comme un étranger ?

Le Chœur.

Que Dieu te bénisse, enfant de nos entrailles ! chacun de nous voudrait te prendre dans ses bras, mais