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votre maître, arrive aujourd’hui au château. Elle a quitté le couvent sur l’ordre exprès de monseigneur, pour venir en son temps et lieu recueillir, comme faire se doit, le bon bien qu’elle a de sa mère. Son éducation, Dieu merci, est terminée, et ceux qui la verront auront la joie de respirer une glorieuse fleur de sagesse et de dévotion. Jamais il n’y a rien eu de si pur, de si ange, de si agneau et de si colombe que cette chère nonnain [; que le seigneur Dieu du ciel la conduise ! Ainsi soit-il] ! Rangez-vous, canaille ; il me semble que j’ai les jambes enflées.

Le Chœur.

Défripez-vous, honnête Pluche, et quand vous prierez Dieu, demandez de la pluie ; nos blés sont secs comme vos tibias.

Dame Pluche.

Vous m’avez apporté de l’eau dans une écuelle qui sent la cuisine ;[ donnez-moi la main pour descendre ;] vous êtes des butors et des mal-appris.2

Elle sort.
Le Chœur.

[Mettons nos habits du dimanche, et attendons que le baron nous fasse appeler.] Ou je me trompe fort, ou quelque joyeuse bombance est dans l’air d’aujourd’hui.

[Ils sortent.]