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heure pensez-vous qu’arrive le prince notre maître ? Car la nouvelle dignité qu’il m’a…

Le secrétaire.

Vers dix ou onze heures.

Ils s’éloignent en causant. — Laurette entre ; madame Balbi se lève et va à sa rencontre. Toutes deux demeurent appuyées sur une balustrade dans le fond de la scène, et paraissent s’entretenir. En ce moment, Razetta, masqué, s’avance vers l’avant-scène.
Razetta.

Il me semble que j’aperçois Laurette. Oui, c’est elle qui vient d’entrer. Mais comment parviendrai-je à lui parler sans être remarqué ? — Depuis que j’ai mis le pied dans ces jardins, tous mes projets se sont évanouis pour faire place à ma colère. Un seul dessein m’est resté ; mais il faut qu’il s’exécute ou que je meure.

Il s’approche d’une table et écrit quelques mots au crayon.
Le secrétaire, rentrant, au marquis.

Ah ! voilà un des galants de votre bal qui écrit un billet doux ! Est-ce l’usage à Venise ?

Le Marquis.

C’est un usage auquel vous devez comprendre, monsieur, que les jeunes filles restent étrangères. Voudriez-vous faire une partie de cartes ?

Le secrétaire.

Volontiers ; c’est un moyen de passer le temps fort agréablement.

Le Marquis.

Asseyons-nous donc, s’il vous plaît. Monsieur le secrétaire intime, j’ai l’honneur de vous saluer. Le prince,