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tandis qu’il me parlait, il me passait devant les yeux des tableaux délicieux ; sa parole donnait la vie, comme par enchantement, aux choses les plus étranges.

La Gouvernante.

C’était un vrai Triboulet.

Elsbeth.

Je n’en sais rien ; mais c’était un diamant d’esprit.

La Gouvernante.

Voilà des pages qui vont et viennent ; je crois que le prince ne va pas tarder à se montrer ; il faudrait retourner au palais pour vous habiller.

Elsbeth.

Je t’en supplie, laisse-moi un quart d’heure encore ; va préparer ce qu’il me faut : hélas ! ma chère, je n’ai plus longtemps à rêver.

La Gouvernante.

Seigneur, est-il possible que ce mariage se fasse, s’il vous déplaît ? Un père sacrifier sa fille ! le roi serait un véritable Jephté, s’il le faisait.

Elsbeth.

Ne dis pas de mal de mon père ; va, ma chère, prépare ce qu’il me faut.

La gouvernante sort.
Elsbeth, seule.

Il me semble qu’il y a quelqu’un derrière ces bosquets. Est-ce le fantôme de mon pauvre bouffon que j’aperçois dans ces bluets, assis sur la prairie ? Répon-