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Auguste.

Le ciel est sans nuage, et le monde en repos.

Livie.

Serait-ce par hasard quelque mauvais présage ?
Un songe peut agir sur l’esprit le plus sage ;
Mais, pour un qui dit vrai, bien d’autres ont menti.

Auguste.

Par un songe souvent les dieux m’ont averti ;
Mais le doute où je suis, rien de tel ne l’inspire.
Je ne redoute rien, — mais je pense à l’empire,
À ces Romains que j’aime, et qui m’aiment aussi,
Et ce n’est pas pour moi que j’ai quelque souci.

Livie.

Vous vous disiez heureux, seigneur, dès qu’on vous aime.

Auguste.

Puisse de votre front ce léger diadème,
Livie, à tout jamais éloigner tout ennui,
Et que le plaisir seul voltige autour de lui !
Que je sois seul chargé du terrible héritage
Qu’à la mort de César je reçus en partage,
Lorsque sous les poignards le plus grand des humains
Tomba, laissant le monde échapper de ses mains !
Non que de vos conseils et de votre prudence
Je ne veuille au besoin réclamer l’assistance ;
De la vulgaire loi votre esprit excepté
Nous montre la sagesse auprès de la beauté.
Je le savais, mon cœur vous en a mieux chérie.
Ma sœur jusqu’à présent fut ma seule Égérie ;