Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Œuvres posthumes.djvu/97

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



Scène II


AUGUSTE, LIVIE, OCTAVIE.
Auguste, répondant au chœur qui sort.

Salut César ! Salut. — Oui, ma chère Livie,
César a fait ce soir appeler Octavie.
Sur un souci que j’ai, je veux vous consulter.

Livie.

Quel souci, cher seigneur, peut vous inquiéter ?

Auguste.

Aucun, assurément, quand je vous vois sourire.
Dès que votre cœur bat dans l’air que je respire,
Je braverais les dieux, de mon bonheur jaloux !

Livie.

S’il ne faut que mon cœur, seigneur, que craignez-vous ?

Octavie.

Est-ce quelque ennemi qui relève la tête,
Quelque nouveau Brutus dont le glaive s’apprête ?

Auguste.

Non ! aux nouveaux Brutus je n’ajoute plus foi.
Et Rome en est, je pense, aussi lasse que moi.

Octavie.

Est-ce quelque vaincu, quelque roi tributaire
Qui vous désobéit, aux confins de la terre,
Quelque Scythe qui tarde à payer ses impôts ?