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berté de crayon où l’on reconnaît une organisation de peintre.

Alfred de Musset n’a jamais déserté la poésie, et c’est pourquoi il a pu atteindre sans peur et sans reproche l’âge redoutable

Où les opinions deviennent un remords.

Il n’a pas été utilitaire, mais il a été utile, en apprenant aux hommes à voir clair dans leur âme, en leur disant, dans un langage sublime, ce qu’ils sentent sans pouvoir l’exprimer, en leur procurant ce qu’il y a de plus précieux au monde, les heures d’oubli, de consolation, d’attendrissement ou de bonne humeur.

Le lendemain de sa mort les journaux furent unanimes dans l’expression de leurs regrets. La gloire qu’il avait appelée

Cette plante tardive amante des tombeaux,


poussa, en effet, sur sa tombe, et avec une telle rapidité, que l’envie se redressa bientôt plus irritée que jamais. Ses ouvrages, son caractère, sa vie privée même, furent attaqués, et cette guerre impie dure encore ; mais elle aura une fin. Déjà les efforts des détracteurs ne nuisent plus qu’à eux-mêmes. Un jour viendra où ce ne sera plus faire la cour à personne que d’insulter la mémoire du poète. Un jour viendra où sa vie sera plus connue, racontée plus longuement qu’aujourd’hui et avec plus de détails. Tout le monde alors sera d’accord pour rendre justice à celui qui ne donnera plus d’ombrage à aucune vanité. Alfred de Musset n’a ja-