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que sais-je ? quelque passion cachée au fond de l’âme (car elle en est capable, et c’est là ta pensée), ira-t-elle fouler aux pieds ce qui fut la règle et l’orgueil de sa vie, la loyauté, l’honneur, la pudeur ?

Michel.

Tu crois peut-être…

Fabrice.

Non ! je ne crois rien. C’est notre sœur, c’est une Lorédan. Elle porte sur son visage la ressemblance de notre mère. Tant que je n’aurai pas la preuve qu’elle est coupable, tant que je n’entendrai pas de sa bouche l’aveu de son crime et d’un tel opprobre, je dirai : Non ! c’est impossible !

Michel.

Le marquis Visconti, cousin du duc de Milan, doit arriver aujourd’hui même.

Fabrice.

Eh bien ?

Michel.

Notre sœur lui est promise.

Fabrice.

Je le sais, et je suis convaincu…

Michel.

Que ce mariage se fera ?

Fabrice.

Sans aucun doute, et que, dans peu de temps, une fois les choses expliquées, tu regretteras amèrement les soupçons que tu viens d’avoir.