Nous allons jouer, cet été, Marie Stuart ; et puis Polyeucte ; et-peut-être…
Eh bien ?
Eh bien, je veux jouer Phèdre. On me dit que je suis trop jeune, que je suis trop maigre, et cent autres sottises. Moi, je réponds : C’est le plus beau rôle de Racine ; je prétends le jouer.
Ma chère, tu as peut-être tort.
Laisse-moi donc ! Si on trouve que je suis trop jeune et que le rôle n’est pas convenable, parbleu ! j’en ai dit bien d’autres en jouant Roxane ; et qu’est-ce que cela me fait ? Si on trouve que je suis trop maigre, je soutiens que c’est une bêtise. Une femme qui a un amour infâme, mais qui se meurt plutôt que de s’y livrer ; une femme qui a séché dans les feux, dans les larmes, cette femme-là ne peut pas avoir une poitrine comme celle de madame Paradol. Ce serait un contre-sens. J’ai lu le rôle dix fois, depuis huit jours ; je ne sais pas comment je le jouerai, mais je vous dis que je le sens. Les journaux ont beau faire ; ils ne m’en dégoûteront pas. Ils ne savent quoi inventer pour me nuire, au