gent. Havelaar profita du moment, et s’approchant de Dipanon, il lui demanda à qui appartenait le cheval gris pommelé, à chabraque écarlate ; et le voyant se diriger vers l’entrée de la tente, et chercher des yeux le cheval, il lui mit la main sur l’épaule et lui dit :
— Est-ce que le Prince-Régent est toujours aussi plein de zèle ?
— Il est encore vert, pour son âge, monsieur Havelaar, et vous comprenez qu’il tient à faire bonne impression sur vous.
— Oui, je comprends cela. J’ai entendu dire beaucoup de bien de lui. Il est civilisé, n’est-ce pas ?
— Certes, oui…
— Et il a une nombreuse famille ?
Dipanon, étonné, et pour cause, regarda Havelaar, ne comprenant pas cette brusque transition. Il ne connaissait pas son homme. Souvent l’extrême vivacité d’Havelaar le faisait passer d’une idée à une autre, et bien, que pour lui cette transition fût logique et régulière, on ne pouvait décemment en vouloir à un interlocuteur moins vif, ou peu habitué à sa manière, qui le regardait en ayant sur les lèvres, cette demande prête à s’échapper : êtes-vous fou ? ou bien : que diable est-ce que cela signifie ?
Comme quelque chose de semblable se trouvait sur la physionomie ébahie de Dipanon, Havelaar dut répéter sa question, avant d’obtenir la réponse suivante :
— Oui, sa famille est très nombreuse.
— Et dans cette régence, s’occupe-t-on de construire des mosquées ? continua Havelaar, sur une nouvelle gamme, indiquant qu’il y avait un rapport direct entre ces mosquées et la grande famille du Prince-Régent.