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combat, le feu de la ville, des forts de la marine et de la Casbah était entièrement éteint. Le Jemmapes et le Suffren avaient foudroyé, culbuté les batteries et démoli les remparts opposés. A 4 heures et demie le feu était éteint partout. De Tanger l’escadre se dirigea vers Mogàdor à l’extrémité du Maroc : c’est la ville chérie de l’empereur, elle renferme ses trésors. La division arrivée en vue de cette place, le 12 novembre, essuya une tempête furieuse, ce ne fut que le.15 que l’embos-sage put s’effectuer avec beaucoup de peine. Le Suffren portait cette fois le pavillon de l’amiral. L’attaque commença à deux heures et demie. Les batteries de la marine furent bientôt abandonnées par l’ennemi ; mais les batteries de l’ouest qui présentaient 40 pièces de gros calibre opposèrent une longue et vigoureuse résistance. Elles ne furent ruinées et démantelées qu’après une lutte de trois heures. A cinq heures, l’îlot seul soutenait le feu. Le prince donna l’ordre d’y débarquer : S00 ho.mmes s’élancèrent dans des canots sur le rivage où ils furent assaillis par une fusillade meurtrière. Il fallut enlever une à une toutes les positions. Le prince de Joiu-ville dirigeait l’attaque à la tête des colonnes, marchant sans armes et bravant la fusillade. Le lendemain on entra dans la ville déserte et couverte de décombres. L’empereur de Maroc demanda la paix, et vers la fin d’août le prince de Joinville quitta la flotte pour rentrer en France.

Au mois de juin 1846, il prit le commandement de l’escadre d’évolutions réunie dans la Méditerranée. Le 3 juin 1847, il fît rendre les derniers devoirs aux restes des prisonniers français de Baylen, morts de misère sur le rocher.de Cabrera, et dont les ossements étaient restés sans sépulture. Au moment de la catastrophe de février 1848, le prince de Joinville se trouvait à Alger près de son frère le duc d’Aumale, gouverneur de l ! Algérie depuis le mois de septembre -1847. Les journaux du temps ont donné le récit de la conduite noble.et digne des jeunes princes en cette circonstance. Le 3 mars ils s’embarquèrent sur le Solon pour l’Angleterre où ils devaient rejoindre leurs parents proscrits.

Le prince de Joinville a publié, sous le titre de : l’État des Forces navales de la France, un écrit très-remarquable, et qui a produit une vive sensation.

JORDY (NICOLAS-LOUIS, chevalier)

né à Abreschwiller (Meurthe) le 14 septembre 1758, entra au service le 15 août 1774 comme chirurgien aux hôpitaux militaire de Schelestadt et de Strasbourg ; mais entraîné par son goût pour la vie. aventureuse, il s’engagea, le 9 avril 1778, dans le régiment d’Alsace en qualité de soldat, et il avait fait deux campagnes d’Amérique, lorsque, le 23 août 1782, son père acheta son congé et lui procura les moyens de selivrèr au commerce.

Ayant embrassé avec chaleur les principes de la Révolution, ses concitoyens l’élirent. le 6 mai 1790, capitaine au bataillon du canton de Lorquin, avec lequel il contribua, le 31 août 1791, à rétablir la tranquillité dans Nancy, lors delà révolte du régiment suisse Château-Vieux. Le courage et l’énergie qu’il déploya dans cette circonstance fixèrent sur lui les-suffrages des volontaires du 10e bataillon de la Meurthe, qui le nommèrent leur commandant le 19 août 1792. Ce corps, dirigé sur Metz, reçut ordre de camper sous le fort Sainte-Croix avant d’avoir reçu des armes. Jordy, pénétrant les secrets desseins du gouverneur, qui méditait une trahison, réclama avec énergie l’armement de sa troupe, et l’obtint. A peine avait-il distribué les