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Quelques années après (1792), il passa officier et fut pourvu d’une lieutenance au régiment de Rouergue. Au siège de Thionvill’e et à la bataille de Nerwinïie, il donna des preuves éclatantes de sa capacité et de sa bravoure. Appelé à Paris peu de temps après, il exposa au Comité de salut public un plan de campagne si heureusement conçu, que l’illustre Car-not ne put s’empêcher de s’écrier : « Voilà un officier subalterne d’un bien grand mérite. » Le Comité tout entier se joignit à Carnot pour admirer tant de savoir dans un jeune homme, et se hâta de le placer dans, un poste digne de lui. Revêtu d’abord du titre d’adjudant-général, Hoche reçut ensuite le commandement de Dun-kerque qu’il défendit brillamment contre les Anglais, puis il fut nommé général de brigade et bientôt après général de division (1793). Ainsi, dans l’espace de neuf années, le sergent des Gardes françaises s’était élevé par son seul mérite aux premières dignités militaires.

Ici commence pour lui une série de succès et d’exploits dont la jalousie lui disputa la gloire et qui furent interrompus par la persécution. Après s’être emparé de Furnes, après avoir battu Wurm-ser dans les lignes de Weissembourg, débloqué Landau et pris Guemersheim, Spire et Worms, il se vit enlevé à l’armée de la Moselle dont il avait le commandement en chef, il fut jeté dans les prisons de Paris, d’où il ne sortit que le 9 thermidor ; c’est alors qu’il fut envoyé dans la Bretagne contre les Vendéens, et qu’il s’attacha à détruire la guerre civile, moins par les armes que par les voies conciliatrices, ne consentant à vaincre ses ennemis qu’après avoir tout tenté pour les faire rentrer, sans effusion de sang, dans le sein de la grande famille française ; il parvint à faire succéder l’empire des lois à l’état de guerre qui. avait désolé ces contrées, et montra tant de ménagement et de respect pour les droits de la conscience religieuse que l’esprit insurrectionnel s’éteignit assez rapidement sur les deux rives de la Loire. Un si grand service rendu à la République méritait une récompense ; le 16 juillet 1796, un message du Directoire ayant annoncé au Conseil la pacification de la Vendée, les représentants de la nation proclamèrent solennellement, par un décret, que Hoche et son armée avaient bien mérité de la patrie. Deux tentatives d’assassinat faillirent arrêter ce général au milieu de ses triomphes : une fois on essaya contre lui l’effet du poison, et peu après, il fut assaïlli, au sortir du théâtre de Rennes, par un individu qui lui tira un coup de pistolet dont, heureusement, il ne fut pas atteint.

Cependant le cabinet de Saint-James redoublait d’activité pour entretenir la guerre civile en France. Le libérateur de l’Ouest conçut alors le hardi projet d’une descente en Irlande : il se rendit aussitôt à Brest,-il y fit ses préparatifs et s’embarqua dans ce port à la fin de 1796. Tout, jusque-là, semblait avoir favorisé son audacieux projet ; mais à peine lancé en pleine mer, les éléments se déclarèrent contre lui et sauvèrent l’Angleterre des embarras que cette entreprise devait lui susciter. Sa flotte, ayant été dispersée par un ouragan terrible, il fut obligé de revenir en France, heureux d’échapper, grâce aux habiles manœuvres de son pilote, à la vigilance des croiseurs anglais.

A son retour, il fut nommé général en chef de l’armée de Sambre-et-Meuse, forte de 80,000 hommes et à la tête de laquelle il ouvrit la campagne de 1797, en passant le Rhin à Neuwied, en présence et sous le canon de l’ennemi. Heureux, cette fois, de cueillir des lauriers qui n’étaient pas teints du sang français, il put se livrer entièrement au génie des