Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, II.djvu/588

Cette page n’a pas encore été corrigée

met au rebut un vieil habit. Il va se battre en duel ou déjeuner avec la même absence d’émotion. Tout ce qu’il fait, il semble le faire parce qu’il a résolu d’avance qu’il le fera. »

Nous croyons devoir compléter la biographie de Wellington par le récit de la bataille de Waterloo ; cette journée si terrible par ses résultats, et dans laquelle, peut-être, la gloire du vainqueur n’égale pas celle du vaincu.

Au 12 juin, alors que 220.000 hommes étaient réunis, l’Empereur voulut prévenir un plus grand rassemblement d’ennemis ; son idée était de surprendre et de battre ses adversaires en détail. Rien n’était mieux combiné, en effet. Le feld-maréchal Blücher avait son quartier général à Namur ; celui du duc de Wellington était à Bruxelles : il fallait au moins deux jours à l’armée anglo-hollandaise pour se rassembler sur Charleroi et Fleurus. Le deuxième corps de l’armée prussienne avait huit lieues à faire pour se porter en ligne, le troisième, quatorze lieues, et le quatrième quinze lieues. — Au 15 juin, les armées ennemies pouvaient encore être surprises : elles le furent en effet ; mais déjà les corps qui les composaient étaient assez rapprochés pour que cette surprise ne pût leur être fatale. Le plan de campagne fut donc, comme il devait l’être, d’opérer la disjonction de l’armée anglaise de l’armée prussienne, de manière à pouvoir agir séparément contre l’une et l’autre. — Napoléon se décida à attaquer d’abord les Prussiens ; il jugeait d’après le caractère connu du duc de Wellington, qu’il ne viendrait au secours des Prussiens que lentement et après avoir rassemblé toute son armée, tandis que, si le duc avait été attaqué ie premier, le vieux feld-maréchal était homme à lui amener les deux premiers bataillons qu’il aurait pu rassembler. — Le mouvement en avant de l’armée française avait été si bien masqué, que les ennemis passèrent la nuit du 14 au 15 dans la plus parfaite sécurité. Napoléon, parti de Paris le 12 juin, était le 14 à la tête de ses troupes : son dessein était de passer la Sambre à Charleroi ; il avait disposé pour cette opération ses six premiers corps d’armée, avec la garde impériale et des réserves de cavalerie. — Le 15, au point du jour, l’armée française, sur trois colonnes, se porta sur l’ennemi, et battit les Prussiens, surpris partout où on les rencontra ; ils furent repoussés de Charleroi où l’Empereur porta son quartier général. Ce fut pendant la nuit seulement que l’armée anglaise reçut l’ordre de se réunir. Le corps du duc de Brunswich et la division du général Pictor se dirigèrent à la pointe du jour sur Charleroi. — C’est ici que se présente la plus incroyable faute de cette campagne ; le maréchal Ney commandait la gauche ; il avait sous ses ordres près de 40.000 hommes. L’intention de l’Empereur avait été qu’il prît position au delà des Quatre Bras, en poussant les avant-gardes sur les routes de Bruxelles et de Namur. — « Monsieur le Maréchal, lui avait-il dit, en lui donnant ses ordres formels, vous connaissez bien la position des Quatre-Bras ? — Oui, répondit le maréchal ; comment ne la connaîtrais-je pas, il y a vingt ans que j’ai fait la guerre dans ce pays. Cette position est la clef de tout. — Eh bien ! ralliez-y vos deux corps, et, s’il est nécessaire, élevez-y quelques redoutes ; pressez la marche de d’Erlon, et qu’il rappelle tous les détachements qu’il aura laissés au pont sur la Sambre, tout doit être rallié pour la nuit. — Fiez-vous à moi ; dans deux heures, nous serons aux Quatre-Bras, à moins que toute l’armée ennemie n’y soit. — En effet, la position des Quatre-Bras était la clef de tout ; c’était réellement le point de jonction de l’armée