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distribuée dans toutes les Écoles primaires. On trouve dans l’hymne admirable que Chénier a intitulé le Chant du départ, la strophe suivante qu’il a placée dans la bouche d’un enfant :

De Barra, de Viala le sort nous fait envie ;
Ils sont morts, mais ils ont vaincu.
Le lâche, accablé d’ans n’a point connu la vie :
Qui meurt pour le peuple a vécu !
Vous êtes vaillants, nous le sommes ;
Guidez-nous contre les tyrans :
Les républicains sont des hommes,
Les esclaves sont des enfants.

VICTOR (Claude PERRIN), duc de BELLUNE, dit

né le 7 décembre 1764, à la Marche (Vosges), entra au service comme soldat dans le 4e régiment d’artillerie le 16 octobre 1781 ; il y demeura jusqu’au 1er mars 1791, époque à laquelle il obtint son congé absolu, moyennant la somme fixée par les ordonnances, et s’établit à Valence (Drôme). Il fit partie de la Garde nationale de cette ville comme grenadier, et, le 21 février 1792, il fut nommé adjudant sous-officier par le 3e bataillon des volontaires de la Drôme, dans lequel il servit en cette qualité jusqu’au 4 août, époque de sa promotion au grade d’adjudant-major capitaine dans le 5e bataillon des Bouches-du-Rhône. Chef de bataillon au même corps le 15 septembre suivant, il alla rejoindre l’armée d’Italie avec laquelle il fit les campagnes de 1792 et 1793. Il était avec son bataillon fort de 600 hommes environ au village de Coaraza, dans le comté de Nice, lorsque 3.000 Piémontais et un régiment d’émigrés vinrent l’attaquer avec fureur. Il se défendit courageusement, et, à la suite d’un combat de plusieurs heures, il força l’ennemi de se retirer après avoir éprouvé des pertes considérables. Ce fait d’armes remarquable fut mis à l’ordre de l’armée.

Après ces deux campagnes, Victor fut envoyé au siège de Toulon, où, à sou arrivée, on lui donna le commandement d’un bataillon de chasseurs à la tête duquel il rendit d’importants services. Dans la nuit du 10 au 11 frimaire an II, avec 800 hommes, il enleva les redoutes et les retranchements qui couronnent la montagne du Pharon et passa au fil de l’épée la plus grande partie des troupes qui les défendaient. Le 11, il soutint avec succès un combat de six heures contre 6.000 hommes, et, malgré son infériorité numérique, il conserva le poste qui lui avait été confié. Sa conduite dans cette journée fut appréciée par les représentants du peuple Salicetti et Gasparin, qui le nommèrent adjudant-général chef de brigade sur le champ de bataille. Il fut immédiatement chargé du commandement des troupes formant la division de droite de l’armée de siège, et ce fut lui qui prépara et disposa l’attaque de la fameuse redoute anglaise l’Eguillette, dite le Petit-Gibraltar. Il marcha à la tête des grenadiers le 28 frimaire an II, y pénétra avec eux et s’en rendit maître quoique blessé grièvement de deux coups de feu. La prise de ce poste important, défendu avec la plus grande intrépidité par les Anglais, contribua beaucoup à celle de Toulon.

Après la reddition de cette place, les représentants Salicetti, Barras, Fréron et Ricord, le nommèrent provisoirement général de brigade, par arrêté du 30 du même mois. À peine guéri de ses blessures, il fut employé à l’armée des Pyrénées-Orientales, où il fit les guerres des ans II et III.

Chargé d’une fausse attaque sur Espolla, par le col de Bagnols, le 27 brumaire an III, il la dirigea avec une grande habileté et concourut à la prise des retranchements de cette place et de ceux de Saint-Clément. Il assista aux sièges et aux diverses attaques du fort Saint-Elme et de Collioure, et fut ensuite chargé de la surveillance des travaux à faire à ces deux places, de l’établissement