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commandement de l’artillerie du 3e corps, devenu l’armée d’Aragon. Général de brigade en 1809, il dirigea celle du général Suchet aux sièges de Lérida, de Tortose, de Mequinenza, de Sagonte et de Tarragone. Après la prise de Tarragone, qui avait résisté à cinq assauts, l’Empereur le nomma général de division. Il suivit le maréchal Suchet devant Valence, qu’il obligea, par le feu de son artillerie, à ouvrir ses portes, et mit en état de défense toutes les places qui se trouvaient dans le vaste commandement du duc d’Albuféra.

On était en 1813 ; l’étoile de Napoléon avait pâli à Moscou, à Leipzig ; les Français durent évacuer la péninsule, et, malgré les efforts des armées anglo-espagnoles et des populations soulevées, il parvint à conserver et à ramener, en deçà des Pyrénées, l’immense matériel de nos troupes en Espagne. Napoléon, pour lui en témoigner sa reconnaissance, le créa comte de l’Empire, par un décret daté de Soissons, le 12 mars 1814, et après son retour de l’île d’Elbe, il le chargea de l’armement de Paris que le général Haxo devait mettre en état de défense. Mais pour la seconde fois, Napoléon avait succombé sous l’effort des peuples et des armées de l’Europe coalisée.

Pour la seconde fois, la branche aînée des Bourbons était montée sur le trône, elle essaya d’employer, pour les services publics, les hommes les plus éprouvés dans nos luttes et les plus connus du pays. Redoutant les grandes influences et les hautes positions, la Restauration supprima en 1818 la place de premier inspecteur général qu’elle avait donnée au général Sorbier en 1814 ; elle en remit les attributions aux mains d’un Comité qui devait diriger cette arme, dont le système des grandes armées avait accru l’importance ; le général Valée fut appelé à siéger dans ce Comité, et, pendant cinq ans, ses collègues le choisirent pour rapporteur. Il avait, alors 42 ans

Appelé en 1818 par le général Gouvion-Saint-Cyr, ministre de la guerre, à faire partie d’une commission de défense du royaume, il y fit adopter un système général d’armement pour les places fortes et l’immense littoral de l’Ouest et du Sud.

En 1822, le gouvernement créa pour lui le titre et les fonctions d’inspecteur du service central de l’artillerie. En 1827, il mit au jour un vaste système qui embrassait toutes les branches du service, et donnait à la France un nouveau matériel de campagne, de siège et de place. Il rendit l’artillerie plus mobile et simplifia son système de construction : par exemple, il réduisit dans le matériel de campagne, les pièces de 6, de 8, de 12, aux calibres de 8 et de 12, et toutes les pièces furent montées sur quatre roues de même modèle et de la même grandeur. Pour faciliter la marche et le transport des pièces, par une nouvelle forme donnée à l’affût, les deux trains devinrent indépendants l’un de l’autre ; les pièces purent passer dans les chemins les plus étroits, tourner court et presque sur elles-mêmes ; toutes reçurent un coffret qui, placé sur l’avant-train, en était inséparable et suffisait aux premières nécessités du combat. Enfin le coffret lui-même eut une forme qui permettait aux artilleurs de s’y asseoir, et l’on vit, au moment du combat ou pendant l’action, les batteries accourir, changer de place avec les hommes nécessaires pour les servir ; les canonniers, les munitions, la pièce, formaient en tout une unité formidable que des chevaux entraînaient au galop à la voix de celui qui livrait la bataille. Le général Valée étendit bientôt les mêmes idées à l’artillerie de siège et au matériel destiné à la guerre de montagne. Les batteries du plus fort calibre purent arriver sous