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commença, en 1816, la reconnaissance des côtes de France, immense travail qui sera aussi utile pour la marine que glorieux pour les ingénieurs qui viennent de l’achever.

Le 25 juillet de la même année, Louis XVIII le fit grand officier de la Légion-d’Honneur, et lui accorda le grand cordon de l’Ordre le 27 décembre suivant. Président du collège électoral du Finistère le 26 septembre 1818, il fut, malgré le peu de succès de sa mission, nommé commandeur de Saint-Louis le 21 octobre suivant et grand-croix le 17 août 1822.

Il s’est retiré en 1827, et le roi, en témoignage de sa satisfaction, lui a conféré le titre de directeur général honoraire du dépôt de la marine.

Ce vice-amiral est mort à Paris le 12 novembre 1832. Il avait remplacé Bougainville au bureau des longitudes le 28 octobre 1811, était associé libre de l’Académie des Sciences, depuis le 26 mai 1816, et grand-croix de l’ordre danois de Dannebrog.

Son nom est inscrit sur l’arc de triomphe de l’Étoile, côté Est.


ROSTOPCHINE(le comte FÉDOR)

lieutenant-général d’infanterie russe, descend d’une ancienne famille de Russie. Entré de bonne heure dans la carrière des armes, il était lieutenant à 21 ans dans la garde impériale. Il quitta alors la Russie pour voyager et résida quelque temps à Berlin, où il était encore en 1778.

L’esprit et la vivacité du jeune Rostopchine plurent au comte Romanzow, frère du ministre des affaires étrangères, alors ambassadeur à Berlin. Sous le règne de Paul Ier, son avancement fut aussi rapide que brillant. Il fut décoré du grand ordre de Russie et fait comte, ainsi que son père ; mais bientôt ils tombèrent l’un et l’autre, pour des raisons inconnues, dans une disgrâce à laquelle le comte Panim ne fut pas étranger, et eurent ordre de se retirer dans leurs terres. Le comte Rostopchin rentra en faveur sous Alexandre, et il était chargé du gouvernement de Moscou, lorsque les Français parurent sous ses murs en 1812. Le 11 septembre, veille de l’arrivée de l’empereur Alexandre, il adressa à la garnison une proclamation conçue en termes bizarres, mais énergiques et propres à enflammer l’enthousiasme patriotique et religieux des Moscovites. Le 12, il se rendit auprès du prince Kutusoff, général en chef de l’armée russe, en annonçant son départ en style plus singulier encore.

Le 14 septembre à midi, suivant le 19e bulletin, les Français entrèrent à Moscou ; le même jour (20e bulletin), les Russes mirent le feu à plusieurs édifices publics de cette grande ville. L’incendie, qui ne tarda pas à s’étendre de tous côtés et à consumer presque entièrement l’immense capitale, ravit aux Français les ressources de tout genre qu’ils devaient y trouver pour leurs quartiers d’hiver, les força à une retraite précipitée et produisit les désordres de cette campagne. Les rapports officiels annoncèrent que des forçats libérés, des bandits de toute espèce mirent le feu dans cinq cents endroits différents par ordre du gouverneur. À Woronovo, dit le 23e bulletin, le comte Rostopchine mit le feu à sa maison de campagne et laissa l’écrit suivant attaché à un poteau : « J’ai embelli pendant huit ans cette maison de campagne et j’y ai vécu heureux au sein de ma famille. Les habitants de cette terre, au nombre de 1.720, la quittent à votre approche, et je mets le feu à ma maison, afin qu’elle ne soit pas souillée par votre présence. Français, je vous ai abandonné mes deux maisons de Moscou avec des meubles valant un demi-million