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Nos troupes marchent sur le Niémen, le franchissent, culbutent les Russes à Ostrowno, à Smolensk, et arrivent à }a Moskowa, où l’armée ennemie avait rassemblé la plus grande partie de ses forces, évaluées à 130.000 hommes.

Cette journée couvrit d’une nouvelle gloire toute l’armée française : généraux et soldats, tous firent des prodiges de valeur, tous combattirent en héros. Rapp ajouta à sa réputation et fut atteint de quatre coups de feu. Quoiqu’il ne fût pas remis de ses blessures, on le vit se signaler de nouveau à l’affaire de Marc-Jaroslawitz, où il eut un cheval tué sous lui. De concert avec le maréchal Ney, il défendit le passage de la Bérésina, concourut à sauver l’artillerie française qui se trouvait compromise sur ce point, et y reçut sa vingt-quatrième blessure. Napoléon l’envoya ensuite prendre le commandement de Dantzig, où il devait soutenir pendant un an un des sièges les plus mémorables que nous offrent les annales de la guerre. Secondé par le général Campredon, Rapp résolut de faire de Dantzig, qui n’avait ni casernes, ni écuries, ni magasins, un boulevard inexpugnable. Il s’affermit surtout dans cette résolution lorsque les divisions Heudelet et Grandjean vinrent, dans le courant de janvier 1813, renforcer la garnison de la place. Cette garnison s’éleva alors à 35.900 hommes d’infanterie et 3.600 de cavalerie ; mais la plupart de ces hommes, de toutes armes et de toutes nations, étaient perclus de froid, exténués par les fatigues, consumés par les privations et toutes les misères. 12.000 invalides seulement reçurent une nouvelle organisation ; mais on s’occupa avec activité des fortifications, l’artillerie répara les armes portatives, confectionna une grande quantité de munitions de tout genre. L’Empereur récompensa le dévouement de Rapp en le nommant commandant en chef du 10e corps de la grande armée le 12 mars suivant, et grand-croix de la Réunion le 3 avril de la même année.

Le général Rapp eût peut-être lassé, par ses vaillantes sorties, les forces réunies des Russes, commandées par le duc de Wurtemberg, si la famine, une épidémie cruelle, et l’hiver avec ses pluies et ses glaces, ne lui eussent enlevé les deux tiers de son armée. Jaloux de conserver à la France le reste des braves qui l’avaient si bien secondé, le général français se décida à entrer en négociations pour la reddition de la place.

Le 27 novembre, il conclut une convention honorable qui portait en substance, que le 10e corps rentrerait en France avec son artillerie, ses armes et tous ses bagages. Déjà tous les alliés étaient sortis de Dantzig, lorsque le général Rapp apprit que l’empereur Alexandre refusait de ratifier la capitulation et que la garnison serait conduite en Russie jusqu’à son parfait échange ; Rapp protesta avec énergie, mais fut forcé de se soumettre. Ce fut à Kiew, en Ukraine, qu’il apprit les événements de 1814. Il revint à Paris au mois de juillet suivant et y fut accueilli avec distinction par Louis XVIII. Créé chevalier de Saint-Louis le 3 août, il obtint le grand cordon de la Légion-d’Honneur le 23 du même mois.

En mars 1815, Rapp se rangea sous les drapeaux de son ancien souverain, qui le nomma le 16 avril commandant en chef de l’armée du Rhin, et pair de France le 2 juin suivant. L’armée dont il se hâta de prendre le commandement, forte de 18.900 hommes, devait défendre, de concert avec le corps du Haut-Rhin et de la Moselle, la chaîne des Vosges, depuis Béfort jusqu’à Bitcha. Le désastre de Waterloo rendit inutiles ses dispositions et ses efforts. Lorsque les soldats