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pour l’enlever de Savone : elle me servait ; je le fis transporter à Fontainebleau ; mais là devait être le terme de ses misères et la régénération de sa splendeur. Toutes mes grandes vues s’étaient accomplies sous le déguisement et le mystère, j’avais amené les choses au point que le développement en était infaillible, sans nul effort et tout naturel. »

Vers la fin de 1809, Radet obtint le titre de baron de l’Empire et une dotation de 4.000 francs en Westphalie. Grand prévôt de la grande armée les 30 mars 1813, il fut nommé général de division le 5 novembre suivant. Après le rétablissement des Bourbons, en 1814, le général Radet cessa d’être employé activement.

Il était dans sa famille, quand on annonça le retour de Napoléon, le 12 mars. 11 écrivit aussitôt au roi pour lui offrir ses services ; sa lettre resta sans réponse. Appelé à Paris par le général en chef de la gendarmerie, il reçut l’ordre, le 31 mars, de se rendre à Lyon pour prendre le commandement de la gendarmerie des 7e, 8e et 19e divisions militaires, et d’exécuter les mesures qui lui seraient indiquées afin de prévenir la guerre civile.

C’est en arrivant à Lyon qu’il apprit la présence du duc d’Angoulême dans le Midi ; peu de jours après, et sans avoir quitté Lyon, ni agi activement, il apprit la capitulation du prince, qu’on lui confirma à Pont-Saint-Esprit, où il suivait le général en chef, et où la garde de la personne du duc et de sa suite fut mise sous sa responsabilité.

Après le second retour des Bourbons, le général Radet fut traduit par-devant le 1er conseil de guerre de la 6e division militaire, à Besançon, et condamné à neuf ans de détention, comme convaincu d’avoir, par ses écrits et ses discours, cherché à éloigner de leurs devoirs les militaires et les sujets qui étaient restés fidèles à leur souverain légitime, et de les avoir engagés à passer au parti rebelle.

Voici l’ordre du jour que publia le général Radet à Pont-Saint-Esprit, et qui motiva sa condamnation :

« Ordre général de la gendarmerie du Midi.

« Gendarmes, les destins de la France sont enfin accomplis ; l’empereur Napoléon est remonté sur le trône, la grande nation a retrouvé son père et recouvré ses droits, le patriotisme des beaux jours de la Révolutions repris une nouvelle énergie, l’enthousiasme est à son comble.

« La noblesse est supprimée, la liberté de la presse nous est garantie, et nos droits vont être définitivement réglés par une charte constitutionnelle à laquelle concourront tous les électeurs des départements de l’Empire, réunis au Champ de Mai à Paris, pour le couronnement de l’Impératrice.

« L’empereur ne veut plus de guerre au dehors ; la paix, la tranquillité et le bonheur des Français sont l’objet de tous ses vœux ; et qui, mieux que ce héros, peut accomplir ce bel ouvrage ?

« La courte apparition des Bourbons sur le trône de France, après avoir fait couler le sang français pendant vingt-cinq ans, nous a montré leurs principes. Les émigrés avaient pris les premières places de l’État ; les Vendéens et les assassins étaient anoblis, les domaines de la couronne étaient dilapidés, l’armée s’anéantissait, les acquéreurs des domaines nationaux étaient menacés d’une ruine prochaine, et les prêtres abusaient de leur ministère sacré pour nous replonger sous le plus affreux despotisme, en cherchant à rétablir avec lui la dîme et la féodalité.

« Gendarmes, tant d’horreurs devaient avoir un terme ; le grand Napoléon s’est