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accepter. C’était donc une récompense accordée à la vertu, mais d’autant plus juste qu’elle était en même temps le prix de longs et honorables services.

En 1796, Pléville alla organiser la marine dans les ports d’Italie soumis à nos armes ; et, à son retour en France, il se rendit comme ministre plénipotentiaire au Congrès assemblé à Lille pour y traiter de la paix.

Ce fut pendant son séjour à Lille, le 49 juillet 1797, que le Directoire le nomma ministre de la marine, en remplacement de l’amiral Truguet » Pléville entra aux affaires à une époque difficile. C’est lui qui eut la triste mission de donner les ordres pour l’embarquement des déportés du d8 fructidor, conduits à la Guyane et jetés vivants dans les tombeaux de Sinnamari et de Conanama. L’activité, les talents administratifs qu’il déploya dans toutes les choses de son département, rendirent d’immenses services à la patrie. Il se montra constamment homme d’État intègre, ministre honnête homme. Son austère probité dut plus d’une fois faire rougir les gouvernants d’alors. Voici, entre autres, un fait qui honore et peint son beau caractère. Le Directoire exécutif le chargea de faire une tournée d’inspection sur les côtes de l’Ouest : 40,000 francs lui furent alloués pour cette mission, o Le modeste Plé-ville-le-Pelley, dit François de Neufchâteau, ne prit de cette somme que 12,000 francs, n’en dépensa que 7,000 dans sa tournée, et, à son retour voulut remettre le reste à la trésorerie nationale qui avait porté en compte les 40,000 francs. Le gouvernement ne crut pas de sa dignité de souscrire à l’intention du ministre. Pléville-le-Pelley, ne pouvant insister et ne voulant pas non plus garder une somme à laquelle il ne se croyait aucun droit, voulut au moins qu’elle tournât à l’utilité de l’État, et la consacra à l’érection du télégraphe que l’on voit encore aujourd’hui sur l’hôtel du ministère de la marine, et cependant il était peu riche, et sa famille qu’il soutenait était extrêmement nombreuse. »

Son administration, aussi habile que désintéressée, son dévouement à son pays, ses longs services, lui valurent le grade de contre-amiral en 1797, et celui de vice-amiral en 1798. Au bout de neuf mois de ministère, Pléville-le-Pelley, épuisé par le travail et plus que septuagénaire, se démit de son portefeuille, trop lourd pour ses vieux ans.

Le délabrement de sa santé lui rendait la retraite nécessaire : cependant il fut encore nommé au commandement de l’armée navale de la Méditerranée ; mais, arrivé à Toulon, ses infirmités l’obligèrent de demander son remplacement, tl se retira alors au sein de sa famille pour y terminer dans le repos une vie usée par l’âge et les fatigues. La fortune vint bientôt l’y troubler.

Quelques jours après la révolution du 18 brumaire (le 24 novembre 1799), le.premier Consul l’éleva à la dignité de Sénateur. Enfin il fut fait grand officier de la Légion-d’Honneur à la création de ’ l’ordre. Ces hautes distinctions n’étaient pas des récompenses trop éminentes pour le mérite et la vertu du grand citoyen qui les recevait ; mais c’était beaucoup plus que le modeste amiral n’attendait.

Pléville-le-Pelley, comblé de gloire et d’honneur, mourut à Paris le 2 octobre 1805, dans sa quatre-vingtième année, succombant à une maladie de quelques jours.

PLOMION (LOUIS-ROCH)

né le 15 août 1764, dans le département de la Somme, entra au service le 11 novembre 1782 dans le 58° régiment d’infanterie de ligne, et fit les campagnes de 1782 à 1783 en Espagne, celle de 1790 en rade de