Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, II.djvu/454

Cette page n’a pas encore été corrigée

Mis en disponibilité au mois de février dernier, en raison du mauvais état de sa santé, il est mort à Paris le 19 juin 1850.

PLÉVILLE-LE-PELLEY (GEORGES-RENE)

né à Granville le 29 juillet 1726. ’ Bercé aux murmures des flots, élevé au bruit de la tempête, la mer fut en quelque sorte son premier élément. Dès sa tendre enfance, son plus grand plaisir était de "voir les bâtiments mouillés dans le port ou de contempler du haut du roc quelque voile au large ; et s’il manquait à la maison paternelle, c’était dans un bateau de pêche ou à bord d’un navire amarré au quai qu’on le retrouvait toujours. Il enviait le sort des enfants de son âge embarqués comme mousses, et demanda bientôt à s’embarquer aussi. Ses parents le destinaient à une autre profession : au lieu de l’enrôler à bord comme il le désirait, ils l’envoyèrent au collège de Coutances. Le jeune Pléville fit usage de tout ce qu’un enfant peut employer pour fléchir son père, les prières et les larmes ; mais la résolution qu’il s’efforçait de combattre était un parti pris en famille ; on fut inexorable. Ne pouvant changer la volonté paternelle, il suivit le penchant irrésistible qui l’entraînait vers la marine, et s’évada du collège pour aller s’embarquer. C’était en 1738, il avait alors douze ans. Il se rendit furtivement au Havre, où il se fit admettre en qualité de mousse, sous le nom de Vivier, à bord d’un navire en partance pour la pêche de la morue. Il avait pris un faux nom pour mieux échapper aux recherches dont son escapade allait le rendre l’objet de la part de sa famille. Ainsi, à l’exemple de tant d’autres personnages célèbres, ce fut donc malgré ses parents et à leur insu que Pléville-le-Pelley embrassa la carrière dans laquelle il s’est illustré si honorablement.

Après six années consécutives de navigation de long cours dans les parages les plus orageux du globe, Pléville, devenu. un marin expérimenté, quoiqu’il n’eût encore que dix-huit ans, passa, en qualité de lieutenant, sur un corsaire du Havre, armé contre les Anglais, à qui Louis XV venait de déclarer la guerre.

Ce fut vers cette époque qu’il retourna à Granville, afin de se réconcilier avec sa famille. Un père est rarement inflexible pour un enfant : qu’il aime. Le jeune Pléville obtint son pardon, et, de plus, la permission de poursuivre la carrière qu’il avait prise.

Il s’embarqua bientôt sur un corsaire de Granville. Ce bâtiment fut rencontré sous l’île de Jersey, quelques heures après sa sortie du port, par deux corvettes anglaises qui l’écrasèrent sous le feu croisé de leurs canons. Pléville-le-Pelley eut la jambe droite emportée par un boulet dans ce malheureux combat, et fut fait prisonnier avec ses compagnons de fortune.

Sa captivité dura peu. De retour en France, il obtint, malgré sa mutilation, le grade de lieutenant de frégate dans la marine royale, et s’embarqua en cette qualité à bord du vaisseau l’Argonaute, commandé par Tilly-le-Pelley, son oncle. Il passa ensuite sur le vaisseau le Mercure, qui faisait partie de l’escadre envoyée en 1746, sous les ordres du duc d’Amoille, pour reprendre le cap Breton. Dans le combat que cette escadre eut avec les Anglais, le Mercure se signala par sa valeur. Pléville-le-Pelley, officier de manœuvre abord, fut mis hors d’action au fort de l’affaire : un boulet lui emporta sa jambe de bois et le renversa du banc de quart sur le pont. « Le boulet s’est trompé, » dit-il en riant à son capitaine, il n’a donné de besogne qu’au charpentier.

Il reçut, en 1748, le commandement de la corvette l’Hirondelle, de quatorze canons de 6, avec laquelle il s’empara de