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garnison à se soumettre, mais il ne se découragea pas. Il tint aux soldats le langage de l’honneur, leur parla des intérêts dé la patrie, du dépôt précieux qui leur était confié, des armées étrangères qui étaient aux portes. Ils étaient Français, ils l’entendirent !…

A cette malheureuse époque, notre territoire était envahi, et plusieurs de nos places fortes se trouvaient au pouvoir des ennemis. La Provence était occupée par 50,000 Autrichiens ou Anglais qui voulaient s’emparer de Toulon et d’Antibes ; mais ces places, quoiqu’elles eussent arboré le drapeau blanc, n’ouvraient pas leurs portes aux alliés, et d’après les instructions qu’il avait reçues, le commandant de la 8e division militaire les maintenait sur un pied de défense respectable.

Le 25 septembre il adressa de son quartier général de Marseille la proclamation suivante, qui fut affichée sur tous les murs de la ville.

o Habitants de Toulon,

« Si, comme j’aime à le croire, vous êtes les vrais amis du roi, conformez-vous donc à ses pensées, imitez ses vertus, oubliez vos maux passés ! Imitez les courageux habitants d’Antibes, qui ne forment plus qu’un faisceau pour se défendre contre toute agression étrangère, si on pouvait la tenter ! Empêchez ces cris, ces vociférations de quelques malintentionnés qui, sous le masque de l’enthousiasmé, cherchent à exaspérer les esprits, à exciter les vengeances, à provoquer le soldat, tandis que celui-ci, soumis aux ordres de ses chefs, ne répond que par le calme et la plus exacte discipline ! Ne voyez dans les braves qui forment Ja garnison que des Français, prêts comme vous, à sacrifier leur vie pour défendre la noble cause de nos rois ! Le véritable ami du roi est l’ami de l’ordre, de la tranquillité, de l’union ; il.ne cherche point à les troubler.

o Gardes nationales, pénétrez-vous de vos devoirs ; soyez étrangères aux partis, et faites tous vos efforts pour le maintien du bon ordre.

« Soldats, auxquels la garde de Toulon est encore confiée, souvenez-vous que vous êtes Français, et que vous devez compte au roi, à la France entière, de votre fidélité. Aussitôt que je le pourrai, je vous donnerai la permission de retourner dans vos foyers ; mais aujourd’hui, j’ai l’ordre précis de conserver à Sa Majesté toutes les places de guerre de la division, et particulièrement Antibes et Toulon.

« Habitants de Toulon, soldats de la garde nationale et de la ligne, n’ayez plus qu’un désir, ne formez plus qu’un vœu, celui de servir le roi, de sauver la patrie ! Après avoir accompli vos devoirs envers eux, vous avez des droits à leur reconnaissance. »

Cette pièce officielle, où se révèlent les bons sentiments qui animaient le général Partouneaux, fut dénoncée le 27 du même mois au ministre de l’intérieur, par le secrétaire général de la préfecture des Bouches-du-Rhône, comme ayant déplu aux alliés et fait de la peine à lord Exmouth !…

Le comte dé Vatiblanc adressa le 6 octobre une copie de la dénonciation au duc de Feltre, qui lui répondit, le 8, qu’il allait proposer au roi de retirer cet officier général de la 8e division et de le faire passer à un autre commandement.

Cependant les prétentions exorbitantes des généraux ennemis avaient donné lieu à une correspondance dont nous devons donner quelques extraits pour faire mieux apprécier la position dans laquelle se trouvait le digne général, et à quels hommes la France était livrée.

«