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les plus grandes difficultés. Il atteignit enfin les bords du fleuve. Le maréchal lui avait signalé un gué qu’il avait reconnu autrefois, et qui, sans doute, existait encore. Il l’avait chargé de le faire sonder, et lui avait indiqué le point du passage qui lui semblait présenter plus de chance. Mais Malher ne tient pas compte de ces obstacles. Ses colonnes sont formées ; il donne le signal. Marcognet est chargé d’emporter Guntzbourg ; il ouvre le feu, tombe de tout son poids sur les Tyroliens qui défendent les abords du Danube, enlève hommes et canons. Il se jette alors dans le fleuve, traverse le premier bras, s’empare de l’île et arrive au pont. Les travées sont coupées. Il essaie courageusement de les rétablir ; mais la mitraille succède à la mitraille : il est obligé de lâcher prise, de se retirer sur la lisière des bois.

« Le maréchal ne tarde pas à être informé de la résistance que Malher éprouve. Il fait prendre les armes à la 2e division et la charge de lui prêter main-forte ; le secours est inutile. Le général Labassé a été plus heureux que son collègue ; il s’est porté sur le point qu’indiquaient les instructions. Les difficultés du terrain, le feu de l’infanterie, le jeu des pièces n’ont pu arrêter son audace ; il est arrivé au pont de Reseinsberg, s’est élancé sur les madriers, les a franchis, et, fondant sur les troupes qui le couvraient de feu, il a enlevé les unes, culbuté les autres : il les a suivies, les a refoulées dans la place, et s’est fièrement établi sur les hauteurs.

« L’armée autrichienne se trouvait presqu’en entier réunie sous les murs de Guntzbourg. Elle reprend l’attaque, l’action recommence plus vive et plus ardente ; mais le général Malher est accouru de son côté avec le reste de ses troupes. On joint l’ennemi, on le renverse ; l’infanterie autrichienne regagne la place en désordre et n’ose plus en sortir. Il n’en est pas ainsi de la cavalerie : aucun échec n’a encore ébranlé la confiance qu’elle a dans son courage ; elle veut à toute force emporter les hauteurs qu’occupe le 59e. Elle s’avance avec intrépidité sur lui, et, toujours désorganisée par son feu, elle l’aborde avec une fureur toujours nouvelle. Cinq fois elle a échoué ; elle se rallie, elle ne se rebute pas encore. Elle forme de nouveau ses escadrons, et revient intrépidement à la charge ; mais cet admirable régiment a perdu ses plus braves officiers. Le colonel Lacuée est au nombre des morts, deux chefs de bataillons sont atteints. Il veut les venger, avoir satisfaction de ces attaques, qui, sans cesse dissipées, se reproduisaient sans cesse. Il anime son feu, désorganise cette cavalerie si opiniâtre, et l’oblige enfin de s’éloigner. Malher fait alors investir la place et y pénètre avant le jour.

« La 2e division commençait à paraître. Le maréchal se trouvait avec les deux tiers de ses forces sur la rive droite. Il avait forcé le passage, enlevé des canons, des drapeaux, et pris un millier d’hommes. L’Empereur lui témoigna la satisfaction que lui causait ce beau résultat : mais il persistait à croire que les ennemis manœuvraient sur l’Iller ; il le pressait de s’avancer sur Ulm et d’en prendre possession. « Il le laissait le maître de marcher comme il l’entendrait pour atteindre ce but ; mais il fallait que la place fût cernée le 11. La chose importait sous tous les points de vue. »

« Le maréchal se mit en mesure de la tenter. Loison poussa sur la rive droite, Dupont eut ordre de se rapprocher de la rive gauche ; et Baraguay-d’Hilliers, qui était à Stalzingen avec les dragons, de se diriger sur Languenau et de prendre position en arrière d’Albeck, afin de le soutenir. Dupont devait se munir d’échelles,