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de questeur. Dans la matinée du 23 juin, vers midi, il avait successivement passé en revue, sur la place de la Concorde, les 4e, 19e et 22e bataillons de garde mobile qui étaient partis pleins d’enthousiasme pour le Petit-Pont, la rue Saint-Severin et la rue Saint-Jacques, sous la conduite des généraux Duvivier et Bedeau. Deux mille hommes fournis par les 10e et 11e légions de la garde nationale restèrent sous ses ordres, bivouaqués sur la place du Palais jusqu’au lendemain 24 ; mais le 25, voyant la lutte se prolonger et n’écoutant que son ardeur, il monta à cheval à une heure de l’après-midi, serra une dernière fois la main du président de l’Assemblée nationale, et partit avec une colonne composée de six compagnies du 28e régiment de ligne, de deux compagnies du 69e et du 4e de la garde mobile qu’il conduisit d’abord sur la place de l’Hôtel-de-Ville et qu’il porta ensuite en suivant les quais vers le Grenier d’abondance d’où partait le feu des insurgés embusqués dans les décombres et dans les jardins environnants. Il avait déjà parcouru le boulevard Bourdon dans toute sa longueur et renversé les nombreux obstacles qui s’opposaient à sa marche, lorsque, arrivé à la barricade parallèle à la rue de Beautreillis, il fut atteint d’un coup de feu et tomba expirant dans les bras d’un sous-officier du 69e. Il était sept heures et demie du soir. Sa mort, loin d’intimider les soldats, excita leur ardeur, et d’un dernier élan ils franchirent les barricades qui les séparaient encore de la colonne de Juillet.

Le général Négrier comptait 42 ans de services non interrompus et constamment signalés par les vertus du citoyen, le courage du soldat et l’habileté du chef.

Paris a voulu conserver son cœur et en a confié la garde à nos soldats invalides. Lille a réclamé son corps qu’une députation lui a porté solennellement. Enfin son jeune fils, soldat au 7e régiment de ligne, a été nommé sous-lieutenant, et sa veuve, indépendamment de la pension de retraite à laquelle lui donne droit la législature, a obtenu, à titre de récompense nationale, une seconde pension de 3.000 francs, réversible sur chacun de ses deux enfants.


NEMOURS (Louis-Charles-Philippe-Raphael D’ORLÉANS), duc de

né à Paris le 25 octobre 1814. Ce jeune prince reçut, comme ses frères, une éducation forte et populaire, d’abord sous les yeux de son père et ensuite au collège Henri IV. Il n’avait pas encore 18 ans, lorsque, le 3 février 1831, il apprit la nouvelle de son élection au trône de Belgique ; le gouvernement belge lui ayant fait officiellement l’offre de la couronne, Louis-Philippe, par de hauts motifs politiques, la refusa pour son fils.

En janvier 1833, il accompagna le roi, avec ses frères d’Orléans et de Joinville, dans le voyage que fit ce prince dans le département du Nord.

En 1836, une grande expédition avait été résolue contre Achmet-Bey, il ne s’agissait de rien moins que de la conquête de Constantine ; le maréchal Clausel devait commander l’armée, et le duc de Nemours prendre part aux fatigues, aux dangers et à la gloire de l’expédition.

L’armée, forte d’environ 7.000 hommes, partit de Bone le 13 novembre ; le 18, elle franchit le col de Raz-el-Akba ; elle avait marché jusque-là au milieu d’une population amie et pacifique ; le 18, on n’était plus qu’à deux marches de Constantine. On campa à Raz-Oued-Zenati, et ce fut là que commencèrent les souffrances inouïes et les mécomptes les plus cruels. L’armée était parvenue dans des régions très-élevées ; pendant la nuit, la pluie, la neige et la grêle tombèrent