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se concilia l’affection de ses sujets par une administration douce et paternelle et par le respect qu’il montra pour les mœurs de ses sujets allemands ou italiens.

Commandant général de la cavalerie française en Russie, il se montra dans cette campagne aussi ardent, aussi impétueux que dans les précédentes : il fut terrible aux ennemis, surtout au combat d’Ostrowno, à la bataille de Smolensk.

Retourné à Naples en janvier 18-13, il’ ne rejoignit l’armée française qu’après les batailles de Lutzen et de Bautzen. L’Empereur lui confia le commandement de l’aile droite à la bataille de Dresde, et Murât eut une belle part à cette victoire. Il se distingua encore à Wachau et à Leipzig, et retourna en Italie.

Bientôt après il traita avec l’Autriche et se joignit aux ennemis de la France en 1814. Battu le 2 mai à la bataille de Tolentino, Murât y fil des prodiges de valeur, et s’y montra même général ha’-bile, homme de grande guerre par les dispositions qu’il prit pour réparer les fautes de ses lieutenants et suppléer à la faiblesse de ses troupes. La jonction des forces du général Neiperg avec celles du général Bianchi détermina la retraite de l’armée napolitaine.

Détrôné le 19 mai 1815, retiré en France durant les Cenl-Jours, et proscrit après, il alla en Corse et organisa une expédition.

Parti d’Ajaccio, le 28 septembre 1815, il arriva le 8 octobre au village de Pizzo, dans les Calabres, où il fut arrêté le même jour et fusillé cinq jours après.

Murât avait gouverné avec bonté et modération les Napolitains qui se montrèrent si ingrats. Il fit pour eux plus que tous les rois ses prédécesseurs et mérita réellement leur amour. Une armée de 15 à 16,000 brigands mal vêtus, mal disciplinés, devint par lui une armée de 70,000 hommes de belles troupes. Il opéra la même révolution dans la marine, dans l’administration civile, dans les lettres et les sciences. On lui a reproché son goût pour la parure qui lui avait fait donner le sobriquet de Roi Franconi, mais c’est par cela seul qu’il plut aux Napolitains et réussit auprès d’eux.

— « Après l’armistice de Cherasque, le général Murât, premier aide-de-camp du général en chef de l’armée d’Italie, fut expédié pour Paris, avec vingt et un drapeaux et la copie de l’armistice. Napoléon avait pris cet officier au 13 vendémiaire ; il était alors chef d’escadron au 21e de chasseurs. Il a été depuis marié à la sœur de l’Empereur, maréchal d’Empire, grand duc de Berg, roi de Naples, etc. —Il a eu une grande part à toutes les opérations militaires du temps ; il a toujours déployé un grand courage et surtout une singulière hardiesse dans les mouvements de cavalerie. » (LAS CAZES.)

— « Il n’y avait pas deux officiers dans le monde pareils à Murât pour la cavalerie, et à Drouot pour l’artillerie : Murât avait un caractère très-singulier. Il y a environ vingt-quatre ans qu’il était capitaine ; je le pris pour mon aide-de-camp ; je l’ai fait tout ce qu’il a été depuis. Il m’aimait ; je peux même dire qu’il m’adorait. Il était, en ma présence, comme frappé de respect et prêt à tomber à mes pieds. J’ai eu ’ tort de l’éloigner de ma personne ; car, sans moi, il n’était rien, et à mes côtés, il était mon bras droit. Si j’ordonnais à Murât d’attaquer et de culbuter 4 ou 5,000 hommes dans une direction donnée, c’était l’affaire d’un moment Je ne puis concevoir comment un homme si brave pouvait être si faible en certaines circonstances ; il n’était brave que devant l’ennemi, et là, c’était peut-être l’homme le plus vaillant du monde, son courage impétueux