Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, II.djvu/340

Cette page n’a pas encore été corrigée

Devenu suspect, il fut arrêté et condamné le 10 juin 1804 à deux années d’exil ; il alla se fixer aux États-Unis.

En 1813, Moreau traversa les mers pour venir s’unir aux ennemis de son pays. Le meilleur plan de campagne que, dès l’arrivée de Moreau au quartier général russe, les alliés commencèrent à suivre, révéla la présence de l’habile général français au milieu d’eux ; mais,1e Dieu de la France devait punir cet autre connétable de Bourbon ; le 27 août, frappé devant Dresde d’un boulet qui lui enleva les deux jambes, Moreau mourut ea Bohême le 2 septembre 1813.

« Le général Moreau a fait la campagnes de 1794 et 1795, sous les ordres des généraux Pichegru et \Jourdan, comme Souham,Taponier,Miehaud, etc. Il commanda en chef, pour la première fois, au mois de mai 1796, à l’armée du Rhin ; il passa ce fleuve au mois de juillet : Napoléon était alors maître de toute l’Italie.

« La campagne d’Allemagne en 1796 ne fait honneur ni aux talents militaires de ceux qui ont conçu le plan, ni au général qui en a eu la principale direction et qui a commandé la principale armée : 1° II passa sur la rive droite du Danube et du Lech, après la bataille de Heres-heim, le 11 août, tandis qu’en marchant devant lui sur l’Atmuhl, par la rive gauche du Danube, il se fût joint en trois marches avec l’armée de Sambre-et-Meuse, qui était sur la Redwitz, et eût, par ce mouvement, décidé de la campagne ; 2° il resta inactif six semaines, pendant août et septembre, en Bavière, pendant que l’archiduc battait l’armée de Sambre-et-Meuse et la rejetait au delà du Rhin ; 3° il laissa assiéger Kehl pendant plusieurs mois par une armée inférieure, à la vue de la sienne, et il laissa prendre cette place, il.

« Dans la campagne de 1799, il servit d’abord en Italie, sous Scherer, comme général de division ; il y montra autant de bravoure que d’habileté, à la tête d’une ou deux divisions ; mais appelé au commandement en chef de cette même armée, à la fin "d’avril, par le rappel de Scherer, il ne fit que des fautes, et ne montra pas plus de connaissances du grand art de la guerre, qu’il n’en avait montré en 1796 : 1° II se fit battre à Cas-sano par Suvarow ; il y perdit la plus grande partie de son artillerie et laissa cerner et prendre la division Serrurier ; 2° il fit sa retraite sur le Tésin, tandis qu’il eût dû la faire sur la rive droite du Pô, par le pont de Plaisance, afin de se réunir à l’armée de Naples que commandait Macdonald, et qui était en marche pour s’approcher du Pô : cette réunion faite, il était maître de l’Italie ; 3° du Tésin il fit sa retraite sur Turin, laissant Suvarow maître de se porter sur Gênes et de le couper entièrement de l’armée de Naples. Il s’aperçut à temps de cette faute, revint en toute hâle, par la rive droite du Pô, sur Alexandrie ; mais quelques jours après, il commit la même faute, en marchant sur Coni, en abandonnant entièrement l’armée de Naples et les hauteurs de Gênes ; 4° pendant qu’il marchait à l’Ouest, Macdonald arrivait avec l’armée de Naples sur la Spezzia ; au lieu d’opérer sa jonction avec ce général sur Gênes, derrière l’Apennin, et de déboucher, réunis sur la Bocchetta, pour faire lever le siège de Mantoue, Moreau prescrivit à Macdonald de passer l’Apennin et d’entrer dans la vallée du Pô pour opérer sa jonction sur Tortone ; il arriva ce qui devait arriver : l’armée de Naples seule eut à supporter tous les efforts de l’ennemi sur les champs de la Trébia, et l’Italie alors fut véritablement perdue.

En 1799, Moreau ne jouissait d’aucun