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où il s’était embarqué comme passager.

Neuf années de navigation et d’études avaient développé ses dispositions pour l’hydrographie et pour le pilotage, et,en 1775, il comptait comme second pilote sur la frégate la Terpsichore. Ce fut là qu’il perdit l’œil gauche. Il passa, en 1778, maître-pilote sur le Magnifique.

Pendant huit ans que dura la guerre maritime, Martin fit constamment un service actif ; il prit part aux combats d’Ouessant, de la Grenade, de la Dominique, et fut blessé à cette dernière affaire. Il était à l’armée du marquis de Vaudreuil sur la frégate la Cérès sur la Vigilante, pendant la campagne des côtes de France, sur la flûte la Désirée, pendant celle des Antilles, toujours en qualité de premier pilote.

Lorsque, en 1786, il fut demandé par le marquis de Boufflers, gouverneur du Sénégal, pour commander cette station, il était lieutenant de vaisseau. Les cartes hydrographiques qu’il dressa alors lui valurent la croix de Saint-Louis.

Le mouvement politique de 1789 devait donner à son avancement une impulsion puissante. Les anciens officiers, qui tous appartenaient à la noblesse, avaient été dispersés par la fuite ou par la destitution, et les sujets manquaient aux emplois. Lieutenant en 1792, il fut chargé du commandement d’une division avec laquelle il croisa dans l’Océan et sur les côtes de France, et capitaine de vaisseau à la fin de là même année, il commanda F America. •

En 1793, élevé au grade de contre-amiral, il commandait une des divisions de l’armée navale réunie à Brest, et en l’an II celle de la Méditerranée.

Sa mission était de protéger les opérations de l’armée d’Italie ; il eut pour lui le talent et la fortune. Son escadre de sept vaisseaux rencontra, dans la rivière de Gênes, les forces combinées de

l’Angleterre et de l’Espagne, qui se composaient de trente et un vaisseaux ; il fut assez habile pour se retiter intact dans le golfe Juan, et pour forcer, après cinq mois de résistance, l’armée combinée à l’abandonner dans cette position.

De retour à Toulon, Martin en sortit de nouveau,le 13 ventôse an III, avec quinze vaisseaux et 5,000 hommes de troupes. Il devait tenter un débarquement en Corse, dont les Anglais protégeaient le siège avec une armée navale. Le 17, il était en vue des côtes de la Corse, la prise du Berwich, vaisseau de 74 canons, signala son arrivée. Le 23, contrairement^ au but de sa mission, il se prépara à combattre l’escadre anglaise, bien supérieure à la sienne. Il cédait sans doute à la nécessité, car plusieurs de ses bâtiments avaient reçu des avaries considérables, et trois d’entre eux ne l’avaient pas encore rallié. Le combat dura deux jours sans engagement général. Le Ça-Ira et le Censeur restèrent au pouvoir des ennemis après une honorable résistance. Letourneur de la Manche, qui fit le rapport de ce combat au Comité de salut public, s’exprimait en ces termes : « Le général Martin s’est conduit dans cette affaire avec une intelligence digne d’éloges. La loi lui ordonnait de passer sur une frégate au moment du combat, j’ai -dû l’y suivre ; le désir de pouvoir donner -des ordres plus précis nous a souvent mis à portée du canon de l’ennemi ; mais les circonstances l’exigeaient, et j’ai été le premier à l’engager à mettre de côté toute considération personnelle. »

Il rentra à Toulon avec onze vaisseaux. Le Mercure, démâté, avait été obligé de relâcher, et le Sans-Culotte, vaisseau à trois ponts, s’était séparé de l’armée sans cause connue.

Le 16 messidor de la même année, l’amiral Martin appareillait de nouveau de Toulon à la tête de dix-sept vaisseaux ;