Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, II.djvu/227

Cette page n’a pas encore été corrigée

là se rendit avec trois frégates à Chri-stiansand, visita différents ports de Nor-wége, et revint en France en 1796, escortant un convoi de 12 grands navires, chargés de blés, qu’il fit entrer àLorient. En 1798 il appareilla avec la mission de reconduire à Mangalore les ambassadeurs que Tipoo-Saëb, sultan de Mysore, avait envoyés au gouverneur de l’Ile-de-France pour demander des secours contre les Anglais. En passant devant Telli-cherry, il vit au mouillage deux vaisseaux de la compagnie des Indes : c’était une bonne fortune, il voulut en profiter ; mais au moment où il manœuvrait pour aller les attaquer, un de ces terribles orages si fréquents dans ces mers éclala inopinément. La foudre tomba sur la Preneuse, son grand mât de perroquet ; le feu prit à bord, le commandant lui-même reçut plusieurs éclats de mâture. L’orage passé, on répara la frégate. Elle fondit ensuite sur les deux vaisseaux qui semblaient la défier à l’ancre ; ils amenèrent au bout d’une heure de combat. Arrivé à Sourabaya, L’Hermitte fit porter sur le Brûle-Gueule les pavillons anglais pris à Tellicherry. Cela donna lieu à une révolte à bord de la Preneuse ; l’équipage voulait garder ses trophées et s’opposa à leur débarquement, en disant que, conquis par la frégate, ils étaient sa propriété et non celle de l’amiral. L’Hermitte n’était pas homme à souffrir une pareille insubordination ; il tombe à coups de sabre sur les mutins, disperse les meneurs et les fait mettre aux fers. Cinq matelots, déclarés chefs de la révolte, furent condamnés à mort par un conseil de guerre et fusillés sur le pont. Quittant les côtes de Java, L’Hermitte alla faire une croisière de trois mois dans les mers de la Chine. Après cette campagne qui eut pour résultat la destruction de plus de quarante bâtiments anglais, la Preneuse et le Brûle-Gueule

revinrent à l’Ile-de-France, où une division ennemie les bloqua durant trois semaines dans le fond d’une baie avant qu’elles pussent entrer au port. Une résistance aussi courageuse qu’habile put seule les tirer de cette position critique et rendre vaines les tentatives des Anglais. L’infatigable L’Hermitte reprit la mer aussitôt que sa frégate eut reçu les réparations dont elle avait besoin. 11 alla croiser dans les parages du cap de Bonne-Espérance, sur les côtes du Madagascar et dans le canal de Mozambique. Le 4 septembre 1799, à la chute du jour, il aperçut dans la baie de Lagoa cinq bâtiments que la brume lui fit prendre pour des navires de commerce. Sa frégate jata l’ancre à demi-portée de canon de leur mouillage. Il se proposait de les attaquer le lendemain matin, ■ mais il ne tarda pas à être lui-même assailli par eux. L’engagement durait depuis près de six heures ; plus de mille boulets avaient été échangés ; déjà la Preneuse avait une quarantaine d’hommes hors de combat, lorsqu’elle prit le parti d’abandonner cette lutte inégale où elle eût infailliblement succombé ; car elle avait affaire à deux vaisseaux de SO, deux bricks et un cutter de guerre portant ensemble une artillerie plus que triple de la sienne. Dans le courant du mois suivant, la Preneuse, qui s’était rapprochée du cap de Bonne-Espérance, fit rencontre, sur le banc des Aiguilles, d’un vaisseau anglais de 74, devant lequel elle prit chasse. L’ennemi la poursuivit pendant vingt-deux heures ; maissamarche étant.supérieure à celle de la voile française, ses boulets finirent enfin par l’atteindre. Réduit à se laisser amariner ou à livrer combat, L’Hermitte n’hésita pas sur le choix que lui donnait cette alternative ; il vira de bord et attaqua le vaisseau. La canonnade fut vive de part et d’autre.

LHE

( 223 )