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togénaire, venait d’être séparé de son fils par la réquisition ; il se présenta aussitôt au Directoire, obtint de remplacer le jeune conscrit qu’il rendit à sa famille, et partit pour l’armée du Rhin, comme simple volontaire. Il fit la campagne de 1799, en Suisse, fut élu membre du Corps législatif, après le 18 brumaire, mais refusa de siéger, en disant : a Je ne sais pas faire des lois, je sais seulement les défendre, envoyez-moi aux armées. »

En 1800, il passa à l’armée du Rhin et y reçut l’arrêté qui le nommait premier grenadier de Varmée française. Dans le combat de Neufbourg, il tomba percé au cœur d’un coup de lance, le 28 juin 1800. Toute l’armée regretta ce vieux brave qu’elle aimait à nommer son modèle. Son corps enveloppé de feuilles de chêne et de laurier fut déposé au lieu même où il fut tué. On lui éleva un monument. sur lequel on grava cette épitaphe : LA TOUR D’AUVERGNE. On sait que son cœur embaumé était précieusement conservé par sa compagnie, et qu’à l’appel, le plus ancien sergent répondait au nom de La Tour d’Auvergne : Mort au champ d’honneur/

La bravoure de La Tour d’Auvergne était devenue proverbiale, mais cette précieuse qualité est tellement française qu’elle ne suffit pas aujourd’hui pour tirer un homme de la foule. Si La Tour d’Auvergne n’avait été qu’un courageux soldat, il n’eût pas brillé de tout l’éclat qui l’environne. Une qualité plus rare le fit surtout remarquer, c’est son inaltérable amour de la patrie, la sensibilité de son âme, l’indépendance de son caractère et son désintéressement.

« J’ai près de 800 livres de rente, quelques livres, mes manuscrits, de bonnes armes, disait-il, c’est beaucoup pour un grenadier en campagne, c’est assez

pour un homme qui ne s’est pas fait de besoins dans sa retraite. »

Le prince de Bouillon qui avait obtenu par le crédit de La Tour d’Auvergne la restitution de ses biens, lui offrit une terre àBeaumont-sur-Eure, rapportant 10,000 livres de rentes ; mais le modeste guerrier refusa, ne voulant pas mettre de prix à ses services. La famille de La Tour d’Auvergne était une branche bâtarde de celle de Bouillon.

Un député lui vantait son crédit et lui offrait sa protection. « Vous êtes dono bien puissant, lui dit La Tour d’Auvergne, qui se trouvait alors dans le plus grand dénûment. — Sans doute. — Eh bien ! demandez pour moi… — Un régiment ? — Non, une paire de souliers.

La Tour d’Auvergne a publié les Origines gauloises, ouvrage plein d’érudition et d’originalité. La mort l’a empêché de publier un dictionnaire polyglotte où il comparaît 45 langues avec le bas-breton. Il l’avait mis au net avant son dernier départ pour l’armée du Rhin.

LATOUR-MAUBOURG (MARIE-VICTOR-CHARLES, CESAR DE FAÏ, marquis de)

né le 11 février 1756 dans le Vivarais. Il était en 1782 sous-lieutenant dans le régiment de Beaujolais-Infanterie, en 1786 capitaine dans le régiment d’Orléans-Cavalerie, et en 1789, sous-lieutenant des gardes du corps. Après avoir donné le 5 octobre 1789 des preuves de dévouement à Louis XVI, près duquel il était de service, il émigra à la suite du 10 août 1792, et ne rentra qu’en 1798. Aide-de-camp dans l’expédition d’Égypte, il était devenu colonel à Austerlitz et y reçut le grade de général de brigade. Il fit ensuite les campagnes de Prusse et de Pologne, fut blessé au combat de Dreypen, reçut le 14 mai 1807 le titre de général de division et fut blessé de nouveau à Friedland. Il se signala en Espagne en 1808 à la tête de la cavalerie de l’armée

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