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à Saint-Sever, département des Landes, en 1770 ; fils unique d’une riche famille il partit comme simple volontaire en 1792.

Capitaine, puis commandant des grenadiers dans la phalange de Latour-d’Auvergne, adjudant-général après la prise de Fontarabie, dont il s’empara avec 200 grenadiers, général de brigade en 1801 après la prise de Lunéville, il se distingua, en cette qualité, à la bataille de Hohenlinden. Chef d’état-major du roi de Naples Joseph-Napoléon, général de division, il fit la campagne d’Espagne de 1805.

Commandant de l’expédition contre Caprée (nouveau Gibraltar) que commandait sir Hudson-Lowe, le futur geôlier de Sainte-Hélène.

Nous trouvons un récit de cette expédition dans le Spéronare d’Alexandre Dumas; ce récit éloquent et dramatique, comme tout ce qui sort de la plume de cet écrivain, nous a paru digne d’être reproduit dans la biographie du général Lamarque.

« Depuis deux ans déjà les Français étaient maîtres du royaume de Naples, depuis quinze jours Murât en était roi, et cependant Caprée appartenait encore aux Anglais. Deux fois son prédécesseur Joseph en avait tenté la conquête, et deux fois la tempête, cette éternelle alliée de l’Angleterre, avait dispersé ses vaisseaux.

« C’était une vue terrible pour Murât que celle de cette île qui lui fermait sa rade comme avec une chaîne de fer; aussi le matin, lorsque le soleil se levait derrière Sorrente, c’était cette île qui attirait tout d’abord ses yeux; et le soir, lorsque le soleil se couchait derrière Procida, c’était encore cette île qui fixait son regard.

« A chaque heure de la journée, Murat, interrogeait ceux qui l’entouraient à l’endroit de cette île, et il apprenait sur les précautions prises par Hudson Lowe, son commandant, des choses presque fabuleuses. En effet, Hudson Lowe ne s’était point fié à cette ceinture inabordable de rochers à pic qui l’entoure, et qui suffisait à Tibère ; quatre forts nouveaux avaient été ajoutés par lui aux forts qui existaient déjà ; il avait fait effacer par la pioche et rompre par la mine les sentiers qui serpentaient autour des précipices, et où les chevriers eux-mêmes n’osaient passer que pieds nus ; enfin il accordait une prime d’une guinée à chaque homme qui parvenait, malgré la surveillance des sentinelles, à s’introduire dans l’île par quelque voie qui n’eût point été ouverte encore à d’autres que lui.

« Quant aux forces matérielles de l’île, Hudson Lowe avait à sa disposition 2,000 soldats et 40. bouches à feu, qui, s’enflammant, allaient porter l’alarme dans l’île de Ponza, où les Anglais avaient à l’ancre cinq frégates toujours prêtes à courir où le canon les appelait.

« De pareilles difficultés eussent rebuté tout autre que Murât, mais Murât était l’homme des choses impossibles. Murât avait juré qu’il prendrait Caprée, et quoiqu’il n’eût fait ce serment que depuis trois jours, il croyait déjà avoir manqué à sa parole, lorsque, le général Lamarque arriva. Lamarque venait de prendre Gaëte et Maratea; Lamarque venait de livrer onze combats et de soumettre trois provinces, Lamarque était bien l’homme qu’il fallait à Murât; aussi, sans rien lui dire, Murât le conduisit à la fenêtre, lui remit une lunette entre les mains et lui montra l’île.

« Lamarque regarda un instant, vit le drapeau anglais qui flottait sur les forts de San Salvador et de Saint-Michel, renfonça avec la paume de sa main les quatre tubes de la lunette les uns dans les